Marie-Michèle Genest
Grâce aux nombreuses baignades estivales qui ont ravivé leur énergie créatrice, les Swinging Belles reviennent en force pour affronter l’automne, reposés et disposés à composer de nouvelles chansons…et à enseigner! Même si Erin et Laura troquent leurs robes colorées et leurs talons hauts pour un jeans et un T-shirt dans la vie de tous les jours, l’esprit des Swinging Belles continue de les suivre jusque dans leur école respective où elles enseignent. «C’est un peu comme un croisement, n’est-ce pas Laura!», constate Erin, précisant que le domaine de l’éducation fait partie intégrante de l’ADN musical du groupe.
En plus d’être le lieu de naissance du trio, la salle de classe s’avère une source d’inspiration inépuisable pour l’écriture de leurs chansons tout en faisant office de laboratoire. Situées aux premières loges de leur principal public, Erin et Laura peuvent y tester et ajuster leur nouveau matériel. Il n’est pas rare que le troisième membre du groupe, Duane, fasse des apparitions dans leur classe ou assiste ses comparses dans un quelconque projet scolaire.
Apprendre en chantant
Après une année consacrée à la sécurité des enfants et au bon déroulement de l’éducation en ligne, Erin et Laura retrouvent enfin le droit de chanter en classe. Laura, qui enseigne le français à des élèves de 1re année du primaire, pourra attraper de nouveau son ukulélé et improviser des ritournelles ou piger dans ses classiques comme «dans mon sac à dos» ou «jour de la marmotte» afin d’inculquer de nouveaux mots de vocabulaire à ses protégés. Erin, qui pour sa part enseigne à des plus grands de 5e année, n’hésite pas à les impliquer dans la composition de chansons en français, notamment lors du RPM Challenge («Record Production Month»), un défi musical international qui a lieu chaque année au mois de février. «J’aime chanter en français, c’est très pratique et ça les aide à retenir les mots», reconnaît-elle.
Soucieuses de garder le côté ludique de l’enseignement, les deux femmes multitâches adorent combiner la musique avec d’autres formes d’art, comme la vidéo, et réaliser des exercices pédagogiques destinés aux parents et à leurs collègues enseignants. D’ailleurs, le trio vient de publier sur leur site Facebook une divertissante vidéo éducative à propos des formes géométriques. Toujours en mode création, les deux musiciennes font fi de la routine. «On apprend des enfants qu’on a pendant l’année scolaire et on construit notre enseignement autour de leurs intérêts, donc on doit constamment apprendre nous aussi», explique Erin. «C’est le chaos total!», ajoute Laura en rigolant.
De la salle de classe à la scène
Sur scène, les membres du trio complice conservent leur personnalité, mais en exagèrent les traits. Vêtue d’une robe à pois, la volubile Laura manie les marionnettes et son banjo, Erin pousse la note accompagnée de sa mandoline, une fleur rouge posée sur ses cheveux bouclés et Duane, affublé de sa longue barbe, préfère communiquer avec les cordes de sa guitare plutôt qu’avec ses cordes vocales. Avec son langage musical, il amuse et intrigue les enfants, en particulier les plus introvertis qui s’identifient à ce sympathique taciturne.
D’ailleurs, le mois dernier, le groupe a pu renouer avec un public réel et multigénérationnel lors d’un spectacle à Stratford en Ontario. Même si les Swinging Belles ont été actifs dans la dernière année sur les réseaux sociaux en organisant notamment des mini-concerts virtuels, les retrouvailles avec son public ont été émouvantes pour le groupe, touché par l’accueil des petits. «Ça a été un réel sentiment de normalité et d’exaltation pour tout le monde, nous étions très enthousiastes d’être tous ensemble à nouveau», résume Erin.
Un automne qui va swinguer
L’été aura aussi apporté une autre surprise de taille pour les Swinging Belles: l’obtention du prix «artiste jeunesse de l’année» aux Prix de la musique de la côte est 2021 (East Coast Music Awards 2021). Déjà lauréat d’un prix Juno en 2016, cet honneur est arrivé à point pour le groupe. «C’est spécialement agréable pendant la pandémie parce qu’on se sentait déconnecté de la scène musicale, on avait quasiment oublié que cet aspect de notre carrière faisait partie de notre vie pendant un moment», relate Laura.
Une petite tape dans le dos donc pour le groupe qui se trouve présentement en processus créatif et qui espère sortir un album au cours de la prochaine année.
Comme ses membres aiment se renouveler et élargir leurs horizons, on nous promet un album aux sonorités éclectiques, tout en gardant la base swing : «C’est la musique que nous faisons naturellement, ce n’est pas conscient», avoue Duane, qui est musicien professionnel depuis 30 ans, en plus d’être producteur et compositeur. Et comme la pomme n’est pas tombée très loin de l’arbre, le fils adolescent de Duane et Erin, Isaac, a collaboré avec le groupe en ajoutant à certaines chansons une saveur électro.
Puisque les membres du groupe trempent à différents degrés dans le monde francophone, il n’est pas exclu qu’une chanson en français s’insère dans l’album. D’ailleurs, le groupe a déjà transporté son énergie contagieuse jusqu’en Normandie pour y offrir une prestation en français dans le cadre du Festival de la semaine acadienne, en 2018.
Bien que la rentrée des classes n’ait pas encore repris tout à fait ses airs de normalité, tant qu’il y aura les Swinging Belles pour égayer le quotidien des enfants, l’année scolaire parsemée de petits instants de bonheur, et, avec un peu de chance, de quelques dates de concert!
Pour suivre l’actualité du groupe et découvrir leur dernière vidéo de rentrée (en anglais seulement), rendez-vous sur leur page Facebook The Swinging Belles.
Des poupées au crochet qui chantent
Rendre l’art accessible à tous: c’est l’idée de la nouvelle exposition intitulée «Sensorius: Where The Skin Meets The Eye» («Sensorius: Où la peau rencontre les yeux») lancée le 27 août dernier au Craft Council of Newfoundland and Labrador à St. John’s. Les œuvres ne se découvrent plus seulement par la vue, mais également par le toucher et l’ouïe. On y découvre notamment l’œuvre «A Moment in Time» du Five Island Rughooking Group. Ce groupe de femmes, dont plusieurs chantent dans des chorales, a créé quarante-et-une sculptures textiles en crochet représentant des chanteurs et chanteuses issus de neuf chorales de la province. Ces poupées en rug hooking témoignent du défi rencontré par ces chorales pendant la pandémie, empêchées de se réunir pour chanter pendant plusieurs mois. Une fois scanné, le code QR qui accompagne chaque sculpture nous fait entendre les performances des différentes chorales. Parmi ces poupées chanteuses, on aperçoit deux membres des Swinging Belles. Saurez-vous les reconnaître? Indice: Robe à pois, et barbe! L’exposition est à découvrir jusqu’au 1er octobre. (CT)
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