David Beauchamp
La ville de St. John’s, en reconnaissant le rôle que le municipal peut jouer pour combattre les changements climatiques, s’est dite prête à faire un «virage vert». Dans sa résolution du 4 novembre 2019, nommée Climate Mitigation and Adaptation as a Strategic Priority of the City of St. John’s, le gouvernement local s’est engagé à reconnaître les risques liés aux changements climatiques et prendre des mesures concrètes pour faire face à l’urgence de la situation..
Ian Froude, le conseiller municipal qui a présenté cette résolution, est optimiste quant aux décisions que la ville a prises depuis. Pour des citoyen.ne.s comme Sarah Sauvé, chercheuse en sciences musicologiques et membre de l’organisme provincial pour la conservation de l’environnement, Zero Waste Action Team NL, les actions les plus concrètes ne sont pas prises par la ville, mais par les townies eux-mêmes.
Des initiatives de la ville
Invité à décrire les initiatives prises par la ville, M. Froude en énumère plusieurs: par exemple, boiser des espaces publics sous sa juridiction, dont plus de 11 hectares ont déjà été utilisés pour planter des arbres, et en 2022, aider financièrement les propriétaires fonciers qui souhaitent faire des modifications ou des réparations vertes à leur maison.
M. Froude mentionne aussi que la ville de St. John’s a approuvé un plan plus efficace au printemps 2021 afin d’améliorer le déneigement en hiver et le ramassage des déchets.
De plus, la ville incite la population à prendre les transports en commun grâce à différentes initiatives favorisant l’accessibilité. Metrobus offre actuellement des tarifs réduits pour toute personne de plus de 65 ans ainsi que la pleine gratuité pour les 12 ans et moins. Les villes de St. John’s, Mount Pearl et Paradise, dans le cadre d’un partenariat pilote, offrent aussi des passes gratuites aux personnes qui bénéficient de l’aide financière provinciale. Ce projet pilote prendra fin en 2022. D’ailleurs, dès 2022, la ville prévoit à électrifier le transport en commun et à encourager l’achat de véhicules électriques en installant 14 bornes de rechargement disséminées à travers la ville.
Un système problématique
L’activiste Sarah Sauvé croit quant à elle que la ville ne reconnaît pas l’urgence climatique malgré ses engagements de 2019 puisque, selon elle, trop de gestes tardent à se matérialiser.
Contrairement à ce qu’avance M. Froude, elle souligne que la ville n’a toujours pas assez investi dans le transport en commun ni dans les services municipaux de déneigement et de déglaçage des trottoirs l’hiver. À son avis, ces lacunes encouragent les citoyen.ne.s à utiliser leur voiture personnelle au lieu de se déplacer à pied ou en autobus, ce qui contrevient aux engagements municipaux contenus dans le plan.
Dans une perspective plus large, Mme Sauvé ajoute que les villes ne peuvent pas être réellement imputables de leurs actions puisqu’elles ne peuvent pas être poursuivies en justice si elles nuisent à l’environnement, et ultimement au bien-être collectif. Le système de taxes municipales est aussi problématique selon elle puisque l’argent ne va pas aux bons endroits.
Sa solution: des initiatives communautaires.
Une solution des «conseillers pas payés»
Étant donné que 30% des déchets de la province sont organiques, la Zero Waste Action Team, considère le compost comme une des meilleures solutions contre le changement climatique.
En juillet 2021, l’organisme, qualifié par Mme Sauvé de «conseillers pas payés», a initié le projet écologique Georgestown Community Compost. Ce projet a vu le jour après deux ans de travail mené par sa collègue activiste Viviana Ramirez Luna.
Jusqu’à présent, 50 livres de compost pour les mois de juillet et août ont été recueillis pour seulement 60 participant.e.s. Selon l’activiste, cela illustre le potentiel des initiatives de compostage communautaires pour limiter la production de déchets.
Un composteur communautaire a également été lancé en novembre 2020 au Centre communautaire et scolaire des Grands-Vents pour encourager la diminution des déchets.
Pour Mme Sauvé, les vraies solutions se trouvent au niveau d’une implication communautaire, en marge des instances politiques traditionnelles.
Un rappel des mesures d’urgence
Dans sa résolution du 4 novembre 2019, le gouvernement local s’est engagé à:
– Reconnaître les risques et les dangers liés aux changements climatiques et prendre des actions concrètes pour accroître l’adaptabilité et la résilience locale pour stimuler des comportements plus verts.
– Émettre des cibles de limitation des gaz à effet de serre (GES) pour 2030 et 2050 et développer des stratégies et des actions pour atteindre ces objectifs.
– Identifier des partenariats et des opportunités de collaboration pour obtenir du financement afin d’atteindre les buts visés.
– Instaurer des systèmes de mesures qui permettent de quantifier les impacts environnementaux pour influencer les politiques et les décisions budgétaires en ce sens. (DB)
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