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Une nouvelle crique pour prendre de la hauteur

Depuis 2018, les fondateurs de The Cove Bouldering and Café travaillent d’arrache-pied pour concrétiser un rêve, celui d’ouvrir à St. John’s la première salle de la province entièrement consacrée à l’escalade de bloc. Rencontre avec l’un des membres fondateurs, Daniel Alacoque, un trentenaire passionné de grimpe.

Coline Tisserand

«C’est un local de 5000 pieds carrés. C’est signé [pour le louer]!», se réjouit le nouvel entrepreneur et copropriétaire de la toute première salle de l’escalade de bloc dans la province, The Cove Bouldering and Café. 

«La première étape est faite: établir un plan d’affaires, trouver des investissements et un local. Maintenant, ça bouge vite, on doit faire tout le reste!» ajoute-il. Trouver un endroit dans la capitale pour installer une salle d’escalade de bloc n’a pas été une mince affaire. Il fallait en effet un espace assez vaste et assez haut pour accueillir des murs d’escalade de bloc.

Portrait du haut de corps de trois hommes qui portent des chandails gris. Ils sourient à la caméra.
Les fondateurs The Cove Bouldering and Café, (de gauche à droite) Daniel Alacoque, Joel Harvie et Stephen Ryan, sont tous les trois des grimpeurs passionnés et investis depuis plusieurs années dans la communauté d’escalade de la province. Photo: Joel Harvie (courtoisie)

C’est finalement au numéro 316 de la rue Lemarchant, dans le quartier connu à St. John’s sous le nom du Brookfield District, que cette salle d’escalade de bloc ouvrira prochainement ses portes. Ce local fait partie des 65 000 pieds carrés d’une ancienne usine de crème glacée rachetée par Greg et Ivy Hanley, également propriétaires et gérants de l’épicerie Urban Market 1919, située juste à côté.

De l’escalade en «délire»

Les quatre propriétaires Daniel Alacoque, Joel Harvie, Stephen Ryan et Bob Flynn entrent donc maintenant dans une phase plus concrète du projet: rénover ce vaste espace pour en faire une salle d’escalade de bloc avec un coin café. Joel Harvie et Daniel Alacoque seront les principaux gérants de la future salle, Stephen Ryan et Bob Flynn étant avant tout investisseurs et mentors du projet.

Les rénovations sont prises en charge par un constructeur local, sauf pour ce qui est de la construction des murs d’escalade et des équipements de grimpe. Les quatre hommes ont fait appel à la compagnie québécoise DÉLIRE, propriétaire de quatre centres d’escalade au Québec, pour leur construire des blocs d’escalade modernes. «Il n’y a pas de compagnie spécialisée en escalade ici, et il n’en existe que deux ou trois au Canada. DÉLIRE va amener en camion le matériel, qui sera déjà construit au Québec, pour l’installer ici», précise monsieur Alacoque, celui qui est né d’un père français et d’une mère terre-neuvienne… professeure de français.  

Grimper sans cordes

Dans cette future Cove (mot anglais désignant une petite baie ou crique protégée), les adeptes pourront donc pratiquer en toute sécurité ce qu’on appelle couramment le bouldering, ou le bloc. «L’escalade de bloc, c’est de l’escalade, mais sans harnais et sans cordes, et à de faibles hauteurs, soit quatre ou cinq mètres de hauteur maximum. Les matelas et tapis de chute [ou crashpads] font office de protection. Comme en gymnastique, on peut tomber de ces hauteurs en toute sécurité», explique l’entrepreneur bilingue, qui pratique l’escalade depuis 2010.

Si les possibilités pour faire du bloc en extérieur sur des parois rocheuses sont nombreuses dans la province, il n’existe actuellement qu’une salle d’escalade en intérieur, le Wallnuts Climbing Center, dédiée à la fois à l’escalade à la corde et au bloc. C’est dans ce centre d’escalade, ouvert dans les années 90 à St. John’s, que Joel Harvie et Daniel Alacoque ont travaillé jusqu’au début d’octobre, notamment comme instructeur et entraîneur.

«N’importe qui peut grimper!»

Pour faire du bloc, rien de plus simple: on suit une très courte formation de sécurité (comment chuter sur les matelas), on enfile des chaussons d’escalades, et c’est parti pour les hauteurs! Nul besoin de partenaire, ni d’une foule d’équipements. Cette simplicité et cette accessibilité en font d’ailleurs un sport de plus en plus populaire. En 2021, «63% des salles d’escalade qui ont ouvert leur porte en Amérique du Nord étaient des salles de bloc» selon une publication du Climbing Business Journal, et ce, en plein contexte de pandémie.

L’équipe fondatrice souhaite ainsi mettre en avant cet aspect accessible du bloc. «Une de nos valeurs fondamentales, c’est l’inclusivité. Généralement, les gens pensent que c’est un peu risqué et difficile de grimper, mais ce n’est pas vrai! On veut changer et pousser cette idée que l’escalade de bloc, c’est pour tout le monde. […] N’importe qui peut grimper!» souligne l’entrepreneur bilingue.

Une grosse Roche pleine de bonnes roches pour le bloc

Amateurs d’escalade de bloc en extérieur ou simple curieux? En 2020, le Wallnuts Climbing Center a publié le guide Avalon East Coast Bouldering Guidebook, documenté et écrit par Joel Harvie. Ce guide d’escalade vous fera découvrir plus de 300 parois rocheuses qui se prêtent à l’escalade de bloc dans la péninsule d’Avalon.

La couverture du livre «Avalon east coast bouldering». Le titre est centré en au haut en couleur vert. blanc et rose. L'image est d'une personne sur un sentier avec un mât sur leur dos. Et «Joel Harvie» est écrit dans les mêmes trois couleurs au bas gauche.
La couverture du guide Avalon East Coast Bouldering Guidebook. Photo: Courtoisie

L’idée de créer un centre consacré entièrement au bloc a germé en 2016 dans la tête de Daniel, lorsqu’il a décidé de troquer son costume d’ingénieur pour des chaussons d’escalades de manière définitive. En 2018, après un séjour d’un an en France, il réalise qu’il n’est pas le seul avec cette lubie: «Deux mois après mon retour, j’en ai parlé à Joel et on s’est dit: “ok, waouh, on a la même vision!” […] Depuis une dizaine d’années, Joel et Stephen avaient en effet l’idée de commencer une salle de bloc à St. John’s, mais sans s’y être encore sérieusement penché», raconte monsieur Alacoque, qui tient sûrement sa fibre d’entrepreneur de son père, lui aussi propriétaire d’entreprises. Ni une ni deux, les trois passionnés de grimpe ont donc uni leur force pour que ce projet devienne réalité.

Au-delà de l’inclusivité, la Cove se veut aussi devenir un espace pour former des grimpeurs de haut niveau en bloc. «On veut pousser le sport dans la province et développer ce côté performance. L’idée serait d’accueillir des compétitions régionales ou des provinces de l’Atlantique, et de former une équipe. […] Je pense que c’est important d’avoir des sportifs de haut niveau qui poussent la qualité et le standard de ce sport et le rendent plus concret et visible dans la province», explique le trentenaire, entraîneur de haute performance de l’équipe des jeunes de Wallnuts Climbing Center.

Cultiver l’esprit de communauté

Et le coin café dans tout ça? Cet aspect du projet répond au désir de mettre l’accent sur l’esprit de communauté présent en escalade, comme l’illustre monsieur Alacoque. «Le café et le bloc vont très bien ensemble. […] Quand tu fais du bloc, une grimpe te prend 30 ou 40 secondes, puis tu prends une pause si tu es un peu fatigué, et tu vas socialiser avec les autres grimpeurs. Après ta session de bloc, tu peux prendre un café en parlant avec tes amis, ton ou ta partenaire ou en rencontrant de nouvelles personnes.» Les fondateurs de la salle prévoient l’organisation d’événements divers pour cultiver cet esprit de communauté. Selon l’entrepreneur bilingue, la communauté d’escalade actuelle de la province regroupe entre 200 et 500 adeptes du bloc ou de l’escalade traditionnelle.

Des criques par centaine

Salmon Cove, Middle Cove, Grates Cove… À Terre-Neuve-et-Labrador, nombreux sont les endroits comportant le mot «Cove» dans leur appellation. Dans un article de 2019, le journal The Independent mentionne qu’il en existe plus de 170! Les coves, mot se traduisant par crique ou anse, sont ces petites baies protégées présentes partout sur les côtes de la province.

Les créateurs de The Cove Bouldering and Café se sont donc inspirés de la géographie d’ici pour leur future salle de bloc. «Pour les Terre-Neuviens, la Cove, c’est une place qui tient à cœur. Cela évoque la nature, un enclos qui est familier, at home», explique Daniel Alacoque.

Mais la référence ne s’arrête pas à la culture terre-neuvienne: «Pour les grimpeurs, quand escalade des blocs [rocheux] en extérieur, ceux-ci sont généralement situés dans des coves. Il y a beaucoup d’escalade à côté des plages, sur des parois à côté de l’océan. Il y a donc une double référence dans le nom de notre entreprise».

www.theindependent.ca/wordplay/selected-coves-of-newfoundland-labrador-classified/

Parmi les 170 anses ou criques de Terre-Neuve-et-Labrador, en voici quelques-unes qui ont retenu l’attention du Gaboteur: Nameless Cove («le crique sans nom»), Deadman’s Cove («le crique des morts»), plusieurs Seal Cove et Noggin Cove («le cirque du la cabouche»). Quel est votre nom de lieu préféré que vous avez croisé dans la province? Photo: Capture d’écran

L’ouverture de The Cove Bouldering and Café dépendra de l’avancement des rénovations et de l’installation des équipements, qui pourraient être finis dans quelques mois si tout va bien. En attendant, on peut suivre l’avancement du projet sur les réseaux sociaux de la compagnie. «En tout cas, si tu entres dans la Cove, sois sûr et certain que tu es capable de grimper!» prévient Daniel Alacoque avec un sourire. Il se fera d’ailleurs un plaisir d’accueillir en français tous francophones curieux de découvrir ce sport.

Pour suivre le projet The Cove Bouldering and Café: https://covebouldering.com/ ou sur leurs pages Instagram et Facebook.

Un homme qui fait de l'escalade sur le côté d'un grand rocher.
Des souliers d’escalade, un crashpad, une roche à hauteur raisonnable, et Stephen Ryan s’envole dans les hauteurs, ici à Fort Amherst en face du port de St. John’s. Photo: Joel Harvie (courtoisie)

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