À l'écran et sur scène, Arts et culture

Nora Fence, sans offense

Le jour, Morgan Moakler Jessiman travaille comme coordinatrice chez Canadian Parents for French. Le soir, elle enfile des bas et des gants dans le rôle de Nora Fence, son alter ego burlesque. Rencontre avec cette artiste d’expression française.

Liz Fagan

Nora Fence avec un éventail en arc-en-ciel.
«C'est l'art de l'allusion,» explique-t-elle, «du pouvoir sans règles. Il y a très peu d'aspects de notre vie pour lesquels nous pouvons dire cela.»

Morgan Moakler Jessiman est artiste burlesque qui fait partie de la famille Kaleidoscope Drag Lounge and Restaurant, restaurant et bar queer ouvert en été 2022, où elle porte plusieurs chapeaux: celui de gestionnaire des réseaux sociaux, d’assistante-coordinatrice gestion du talent, et enfin et surtout, celui de performeuse. Quand elle ne coordonne pas d’événements pour Canadian Parents for French, elle se trouve sur scène au bar en tant que Nora Fence.

 

Et comment décrirait-elle cette Nora? «Elle n’a pas de temps à perdre avec les bêtises des autres,» dit Morgan en raillant. «Nora est née d’un lieu de guérison: elle est intouchable, hyperféminine et incarne le pouvoir queer.»

Incarner le pouvoir

Pour plusieurs personnes, le mot burlesque évoque les images de Moulin Rouge, film musical inspiré du roman La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils. 

Selon l’artiste Morgan Moakler Jessiman, le burlesque est plutôt l’expression de pouvoir sans limites. Tout comme dans ces films où les personnages comme Satine ou Nini Pattes-en-l’air captivent leur public. «Tu peux passer quatre minutes à retirer un seul gant si tu veux,» dit Morgan.
Danseuse compétitive depuis son enfance, sa transition au burlesque était évidente. En 2022 est né son alter ego Nora Fence, un jeu de mots de la prononciation australienne de la phrase «no offense» («sans offense» dans la langue de Molière).

«Je travaille avec énormément de performeurs drag, et on me dit souvent “Je n’étais pas moi-même jusqu’à ce que je commence à faire de la drag”.»

Bien que le drag soit différent du burlesque, ils s’inspirent des mêmes références. «Je ne me considère pas comme une performeuse de drag comme je ne fais pas de lip-sync. En tant qu’artiste burlesque, mon but c’est le striptease

Selon Morgan, la performance de drag et burlesque offre l’opportunité de se déguiser, de devenir un personnage complètement différent de sa vie quotidienne et de se découvrir.

Gauche à droit: Performer de burlesque Newfound Lad, Nora Fence (Jessiman), copropriétaire de Kaleidoscope Barbra Bardot (Jacques St. Pierre), et performer de burlesque Holly Rancher.

La multiplicité identitaire

Libanaise du côté de sa mère et Anglaise par son père, Morgan Moakler Jessiman est née
à St. John’s déjà avec un sens de dualité. C’est un thème récurrent dans sa vie.

 

Créative à plus d’un titre, en plus du burlesque, Jessiman est photographe et écrivaine de fiction. Dernièrement, elle est devenue coordinatrice pour Canadian Parents for French (CPF) et pour cette artiste franco-queer, le français joue un rôle important dans sa vie.

«J’ai fait l’immersion française depuis la maternelle, et cela m’a donné beaucoup d’opportunités de carrière. Déménager à Montréal m’a beaucoup aidé, et grâce à cela, j’ai obtenu mon diplôme en communications à l’Université Concordia.»


De retour à Terre-Neuve depuis quelques années, elle continue son parcours professionnel en français. «Je venais tout juste de quitter mon emploi à la Société Alzheimer en tant que coordonnatrice de marketing car je voulais quelque chose de plus axé sur les jeunes, et bien que CPF ne soit pas exclusivement axé sur les jeunes, ils se concentrent sur la dualité et l’accessibilité pour les personnes qui veulent apprendre le français.» 

 

Si sa dualité identitaire est évidente sur scène la nuit, c’est aussi une réalité dans son travail le jour.

Une entreprise queer sur la rue George

«Où qu’on aille, la représentation hétérosexuelle est présente,» dit Morgan avec passion. «Vous ne vous diriez peut-être pas que Wal-Mart est une entreprise hétérosexuelle, mais c’est le cas. C’est important de se poser ce genre de question quant à la représentation professionnelle et à l’accessibilité.»


Kaleidoscope Drag Lounge and Restaurant est détenu et géré par trois amis queer: conseiller en cuisine Bethany Sears, chef de cuisine exécutif Forrest Sandifer (aussi connu sous le nom drag Lavender Blonde), et directeur des spectacles Jacques St. Pierre (dont l’alter ego est la drag queen Barbra Bardot). «Voilà des personnes queer qui se sont dit “Nous ne voyons pas ce dont nous avons besoin. Créons-le alors.”», explique-t-elle.

«La magie de Kaleidscope réside dans le fait que ça soit une entreprise queer.»

Le 8 juillet, Kaleidoscope fête son premier anniversaire, ce qui tombe bien au beau milieu de la saison de Fierté.

«Vous pouvez vous attendre à des pop-up culinaires,» annonce Jessiman, «Kaleidoscope commence à offrir des résidences dans l’espace à l’étage, nous offrons aussi de nouveaux cocktails et cocktail sans alcool. Nous présentons davantage d’artistes bilingues, nous organisons des soirées comiques, du slam ainsi que des événements spéciaux pour la Fierté de St. John’s.» 

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