À la barre du mouvement quand la province était encore un dominion indépendant au sein de l’Empire britannique, Armine Nutting Gosling a lutté pour le droit de vote des femmes à Terre-Neuve pendant les années 1910 et 1920. Grâce à ses efforts, et ceux d’autres féministes de l’époque, les femmes de l’île ont gagné ce droit en 1925.
Dans le cadre du 100e anniversaire du mouvement, la compagnie de théâtre féministe PerSIStence Theatre a organisé la création et l’inauguration de la statue. L’événement, Raise Her Up, a fêté notamment «le pouvoir des femmes travaillant ensemble». En préparation pour le dévoilement de la statue, PerSIStence Theatre a collaboré avec 21 femmes et personnes non binaires pour présenter une diversité de perspectives, et ce, en plusieurs langues.
Une source d’inspiration
«Elle voyait le droit de vote non pas comme une fin, mais comme un point de départ. Et elle croyait fermement en la force collective des femmes pour changer le monde.», dit Florence Geneau, qui a écrit une interprétation en français pour le nouvel statue d’Armine Nutting Gosling.
«Pour une femme comme moi, mi-vingtaine, le droit de vote semble évident,» explique-t-elle. «Mais cette histoire m’a rappelé qu’il ne l’est pas». Artiste québécoise, elle ajoute que ses grands-mères ou arrière-grands-mères ont dû se battre encore plus longtemps pour obtenir leur droit de vote, dont leurs consœurs terre-neuviennes profitaient déjà. «Même si [elles] pouvaient voter au Fédéral, ce n’est qu’en 1940 qu’elles obtiennent le droit de vote au Québec», dit-elle.
L’artiste micmaque Leahdawn Helena a quant à elle réfléchi sur l’histoire politique des Micmacs face à la Confédération au Canada. Dans son interprétation, elle précise que le droit de vote a été étendu aux femmes autochtones sur l’île de Terre-Neuve avant les femmes autochtones ailleurs au Canada, quelque chose qui «n’aurait pas été possible sans effort d’Armine Nutting Gosling et de femmes qui partageaient les mêmes idées.»
«C’était partiellement à cause de cet affranchissement que les peuples autochtones, spécifiquement les Micmacs de l’île, ont été omis des Conditions de l’union pendant la Confédération,» poursuit l’artiste. «Dès 1947, il y avait des discussions concernant si le gouvernement du Canada serait responsable des communautés autochtones et aux communautés autochtones de sa plus nouvelle province, comme il l’était dans le reste du pays.»
«Les Canadiens ont été concernés que, étant donné que nous sur l’île étions déjà émancipés, cela pouvait créer un précédent pour l’émancipation autochtone dans le reste du pays, spécifiquement au Labrador. L’émancipation autochtone en masse n’était pas quelque chose qu’ils étaient enclins à considérer.»
Secouant le statu quo
Après avoir littéralement chanté des éloges à inauguration de la statue, Nathalie Brunet, présidente du conseil d’administration de la chorale queer, Spectrum Queer Choir, divulgue comment le groupe a été ravi d’être accueilli au parc Bannerman pour souligner le centenaire du vote féminin.
«Pour moi,» dit-elle, «en tant que membre de la communauté queer, on célèbre les femmes, on les met à l’honneur, et on reconnaît que c’est non seulement une victoire pour la diversité de genre, et la diversité sexuelle, et la diversité sur tous les plans des droits humains, que la victoire d’Armine et des autres féministes, ce n’est pas juste pour elle et ce n’est pas juste pour moi en tant que femme, mais c’est pour moi en tant qu’être humain et membre de la société.»
«Moi j’ai peur […] parce que je pense qu’il y a un courant de droite extrême politique qui se passe partout dans le pays là, dans le monde, et je continue d’avoir peur, malgré les élections récentes, je continue à avoir très peur de ce qui va se passer au Canada,» explique la francophone.
Ainsi, en célébrant «les héroïnes de notre passé», elle souligne l’importance d’avoir un moment de «defiance» et de reconnaître ce qu’on a déjà gagné. «On ne recule pas – no going back», dit-elle.
«Je n’ai pas oublié l’effet que ça m’a fait de voir nos ancêtres féministes qui se sont battus pour nous et qui gardent une place visible dans notre société», raconte Nathalie Brunet en comparant la statue d’Armine Nutting Gosling à celle de Thérèse Forget-Casgrain et d’autres femmes militantes à Québec qui ont lutté pour le droit de vote des femmes dans la Belle Province.
Vous pouvez écouter et lire en numérisant un code QR sur le panneau d’interprétation qui se trouve au parc Bannerman, mais, si vous pouvez pas vous y rendre, veuillez découvrir les interprétations par ici: www.raiseherup.ca/cultural-reflections.