Si plusieurs mystères encerclent ce canon, les poids et le calibre de l’arme indiquent au président du Conseil, Frank Gogos, que les Français l’ont utilisé pendant la Bataille de Signal Hill.
Bataille qui s’est déroulée en 1762 dans le cadre de la guerre de Sept Ans (1756 à 1763), Guillaume de Bellecombe a chapeauté les forces françaises alors que William Amherst a mené les Britanniques à leur reprise de St. John’s. La guerre de Sept Ans a terminé officiellement une année suivant la Bataille de Signal Hill à la signature du Traité de Paris. Le traité a vu la France s’accorder des droits de pêche à Terre-Neuve et l’occupation de Saint-Pierre-et-Miquelon.
En préparation pour le dévoilement du canon, la Ville de St. John’s a déjà accordé de l’espace pour démontrer le canon dans The Grove. Près du lac de Quidi Vidi, il est ici où les Britanniques se sont basés le jour avant qu’ils aient repris Signal Hill des Français lors de la Bataille de Signal Hill.

Une image vaut mille mots
Même si elle a perdu cette bataille, la marine française a laissé des astuces de leur présence à St. John’s.
En octobre 2021, le Musée du Royal Newfoundland Regiment a partagé une photo de leurs archives. L’image, datée au début du 20e siècle, dépeint deux réservistes navals royaux de Terre-Neuve aux Narrows dans la capitale. Devant les réservistes se trouvent deux canons avec OLD FRENCH GUN («Fusil français ancien») écrit aux côtés en peinture blanche. L’année 1774 est écrite sur un des canons photographiés.
Frank Gogos explique qu’un de ces canons a «clairement la taille de calibre de celui que nous avons en notre possession». Monsieur Gogos juge qu’au début du 20e siècle, «que celui qui l’a fait n’était probablement pas clair sur l’histoire», car les Britanniques ont repris la ville douze ans auparavant.
«Mais nous savons par l’histoire et par les cartes [du membre de la marine britannique] Lord Colville comment la bataille s’est déroulée [et] que les Français ont laissé plusieurs fusils à St. John’s, y inclus aux Narrows et ailleurs.»
Un mystère militaire
On a documenté la découverte des armes françaises au fil des ans, mais monsieur Gogos raconte qu’à cette époque, on a rassemblé et envoyé plusieurs canons au Québec pour fondre. «Alors c’est extraordinaire, je pense, que ce canon survit en fait,» dit-il.
Il n’est pas certain si le canon a survécu à ces assauts par la préservation orchestrée ou par pur hasard. À l’époque, quelques individus et groupes ont commencé à s’intéresser à la préservation de ces armes. Parmi ces personnes, un historien inconnu du Musée de Terre-Neuve, auparavant situé sur Duckworth Street, et le père du donneur privé John Andrews, qui a pris possession du canon et l’a installé chez lui à Ferryland.
Il est pourtant sûr que quelqu’un a apporté ce canon à Buckmaster’s Field (aujourd’hui Buckmaster’s Circle) à St. John’s, où se trouvaient les casernes côtières de la Marine royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Apparemment, on l’a installé dans le portail d’entrée du champ.
En 1961, la Marine royale canadienne a bougé ses opérations à Pleasantville, l’ancien site de la base militaire américaine Fort Pepperrell. Si on voulait y abandonner le canon pendant le déménagement, le père de John Andrews a récupéré cet artefact. Plus tard, en 2021, son fils héritier le donnera au Conseil consultatif régimentaire.
Préservation du patrimoine
Avec 12 000$ du Bureau de services en français de la province, le Conseil planifie l’instauration de cette arme avec des informations au sujet dans les deux langues officielles.
Avec une telle histoire, Monsieur Gogos affirme que le site offrira une interprétation bilingue de l’arme. «Je suis toujours en contact avec Saint-Pierre aussi», dit-il.«Nous voyons ceci comme une collaboration continuée entre nous et Saint-Pierre et notre histoire militaire partagée.»