Raphaële Goineau connaît bien les arts et la mer. Si elle est née en Algérie, elle était élevée à Saint-Pierre-et-Miquelon avant de se rendre à l’Hexagone pour étudier les beaux-arts. Son enfance sur l’archipel a bien influencé le trajet de sa carrière comme artiste, ce qui est également reflétée dans son œuvre.
«Je me sens vraiment Saint-Pierraise dans l’âme», explique l’artiste, basée aujourd’hui à Coulon, en France métropole. «C’est quelque chose de très, très important, le lien à mon Caillou. Je pense que c’est ce qui a tout modelé, mon caractère, mon rapport à la mer, même à la peinture, aux lumières et au style.»
Nouveaux timbres
Sur ce côté de l’Atlantique, la Poste de Saint-Pierre-et-Miquelon a lancé de nouveaux timbres cet automne conçus par Raphaële Goineau. Ces timbres racontent une histoire qui réunit la collectivité outre-mer avec la dixième province du Canada: l’histoire de la prohibition et des rum-runners.
Des croquis de planification pour la nouvelle série de timbres de Raphaële Goineau qui dépeignent l’histoire de la prohibition à Saint-Pierre-et-Miquelon.
La Dominion de Terre-Neuve a interdit l’alcool entre 1917 et 1924 pendant que le mouvement de prohibition dévore l’Amérique du Nord au début du 20e siècle. Pour accéder aux substances, une économie clandestine est émergée pour faire passer l’alcool en fraude. Sans interdiction sur l’alcool sur le territoire français, les rum-runners ont fourni en secret l’alcool de Saint-Pierre-et-Miquelon aux Terre-Neuviens, Canadiens et Américains touchés par la prohibition.
Les dessins de madame Goineau racontent cette histoire en dépeignant des navires des rum-runners et une scène avec Al Capone, le gangster américain qu’on dit a visité la collectivité pendant la période de prohibition américaine.
«On a essayé de montrer un peu des histoires dont ils nous parlaient à tous à Saint-Pierre et que les gens, surtout en métropole, n’imaginent pas trop déjà, ils ne sont pas au courant de tout ce qui se passait», explique l’artiste.
«Puis le fait qu’on voit il y a les gros rum-runners, mais il y a les petits doris aussi, tout le monde a été impliqué à plusieurs niveaux, et c’est ce qu’on a essayé de montrer».
Un style à soi
En plus que peintre officielle de la Marine française et directrice artistique de la philatélie saint-pierraise, madame Goineau dessine des timbres pour la Poste de Saint-Pierre-et-Miquelon depuis les années 1990. Parrainée par un ancien professeur saint-pierrais de dessin, la jeune Raphaële Goineau a commencé en dessinant des timbres en gravure depuis la France métropole, qu’elle envoyait par poste à la collectivité outre-mer. Au fur et à mesure, elle a mis son territoire en lumière aux salons philatéliques à l’Hexagone pendant que sa carrière comme peintre continuait à évoluer.
Aujourd’hui, la carrière de Raphaële Goineau continue à fleurir: récipiendaire de plusieurs honneurs et prix pour son œuvre, l’artiste a également eu l’honneur cette année de dessiner des timbres pour la France métropole. Ses œuvres figurent dans des galeries à Terre-Neuve, tout comme en France. Sa peinture Le soleil se couche sur Pushthrough, Newfoundland, qui représente un village de la côte sud relocalisé, Pushthrough, se trouve notamment à la Peter Lewis Gallery de St. John’s. Madame Goineau souligne également que quelques-unes de ses toiles dépeignant des scènes terre-neuviennes étaient même en exposition en France.
Elle partage son espoir de retourner à Terre-Neuve-et-Labrador un jour pendant ses visites à l’archipel, surtout pour «ne faire que peindre».
«Je rêverais d’aller passer plusieurs semaines à peindre à Terre-Neuve», explique la peintre. «Déjà, les gens, c’est un accueil super. Par rapport à la métropole, les gens sont vraiment super gentils, quoi. Et puis les paysages, ça me plaît beaucoup, surtout les paysages de la côte».