Si le groupe a déjà joué aux Jeux du Canada d’Ottawa en 2022, il n’a encore jamais mis les pieds à Terre-Neuve-et-Labrador. Mais avec leurs chansons en français, en anglais et en irlandais, le trio a sûrement tout pour plaire à la fois aux spectateurs anglophones et francophones de la province.
Rencontre entre le Québec et l’Irlande
Grosse Isle interprète un mélange de musiques et de chansons traditionnelles irlandaises et québécoises, mais aussi des compositions originales oscillant entre ces deux influences musicales. La combinaison de ces deux répertoires traditionnels n’est pas une coïncidence: c’est le fruit de la rencontre entre le musicien irlandais Fiachra O’Regan et la violoneuse québécoise Sophie Lavoie pendant un festival en Irlande au début des années 2000. Le guitariste et podorythmiste québécois François-Félix Roy complète le trio depuis environ un an et demi.
Allier ces deux cultures musicales amènent les artistes à faire des choix créatifs pour s’adapter et jongler entre les deux répertoires. Le langage particulier, soit plus québécois ou plus irlandais, de chaque musicien ajoute la touche finale au son unique de Grosse Isle. De ces influences réciproques résulte un objet musical unique. «Il y a des compromis à faire. La musique irlandaise a plus un swing que la musique québécoise. Elle est plus swinguée, avec un phrasé différent. On passe d’un style à l’autre selon les morceaux», explique la violoneuse.

Une cornemuse irlandaise (uilleann pipes).
D’hier à aujourd’hui
Malgré certaines différences, Fiachra O’Regan rappelle les liens historiques et musicaux qui existent entre le Québec et l’Irlande. Comme à Terre-Neuve-et-Labrador, les immigrants irlandais ont eu une influence importante sur la musique traditionnelle locale en arrivant au Québec. «C’est sûr qu’il y a beaucoup d’éléments et de racines communes entre la musique québécoise et la musique irlandaise!», souligne le musicien originaire du Connemara, sur la côte ouest de l’Irlande, et installé au Québec depuis maintenant dix ans.
Si à Terre-Neuve-et-Labrador, les colons irlandais s’établissent principalement pour la pêche à la morue dès le 17e siècle, l’immigration irlandaise du Québec remonte surtout au 19e siècle, notamment en raison de la Grande Famine qui pousse des milliers de paysans à fuir l’Irlande. Avant d’entrer au Québec, ces derniers sont placés en quarantaine sur la Grosse Île dans le fleuve Saint-Laurent. Le nom de la formation musicale Grosse Isle rend donc explicitement hommage à cette période historique de l’immigration irlandaise.
Le groupe s’appuie sur l’histoire et les traditions musicales, mais sans jamais rester figé dans le passé. Sophie Langlois souligne que ce croisement des styles permet de créer une musique aux sonorités et aux teintes uniques. «C’est ce mélange Irlande-Québec qui fait que Grosse Isle est différent. Cela crée quelque chose de nouveau. C’est sûr qu’on aime la tradition, mais on la fait changer. C’est cela qui est sain: une tradition, il faut que ça change et évolue lentement, mais sûrement». Par exemple, avez-vous déjà entendu une cornemuse irlandaise (uilleann pipes) interpréter du répertoire québécois? Fiachra O’Regan, d’ailleurs sacré champion d’Irlande de cet instrument et de la flûte irlandaise, est l’un des premiers à l’avoir fait.
Sur les traces de personnages légendaires
Pour la création de leur dernier album Homérique, les trois musiciens ont innové avec un fil conducteur thématique plus marqué qu’auparavant. Sorti en mars dernier, ce cinquième album met en valeur des personnages épiques de l’Irlande et du Canada. À travers des histoires et des légendes, le groupe suit les traces de la dame blanche de la chute Montmorency, de la pirate irlandaise Gráinne Mhaol, du Métis Louis Riel ou encore de l’Acadien Étienne Hébert. Une contrainte créative qui a permis d’orienter et de cibler la recherche et la sélection musicale dans le vaste répertoire du groupe.
François-Félix Roy, pour qui cet album est une première collaboration, apprécie particulièrement l’aspect historique du projet. «Cela rejoint quelque chose qui est dans l’ADN de beaucoup de musiques traditionnelles, c’est-à-dire la volonté ou le besoin de garder les traces du passé.» Selon lui, leurs compositions permettent justement de créer de nouvelles «traces» et de rendre hommage à certains personnages historiques. Outre les chansons sélectionnées à partir des répertoires traditionnels irlandais et québécois, près de la moitié des morceaux d’Homérique sont en effet des compositions originales de Grosse Isle.
Ce thème conducteur parle également beaucoup au public moins familier avec la musique traditionnelle. «[Les spectateurs] peuvent s’accrocher sur autre chose que la musique. […] C’est le fun», se réjouit la Québécoise originaire du Lac-Saint-Jean.
Les trois concerts prévus en août pour les Jeux du Canada sont donc construits autour de l’album trilingue Homérique, mais il faut s’attendre chaque fois à des prestations uniques. «Il n’y a jamais deux spectacles pareils!» se réjouit François-Félix Roy. Sur scène, le trio privilégie en effet la spontanéité humaine et musicale tout en s’adaptant aux lieux changeants des concerts.
Dans tous les cas, le public pourra entendre la fameuse cornemuse irlandaise, la flûte irlandaise, le banjo et la voix irlandaise de Fiachra O’Regan se mêler au piano, au violon et à la voix québécoise de Sophie Lavoie ainsi qu’au subtil jeu de guitare et de pieds de François-Félix Roy. Le tout saupoudré bien sûr de paroles en français, en anglais et en irlandais.
Dates des concerts de Grosse Isle à St John’s:
vendredi 15 août à 12h45 – Harbourside Park
vendredi 15 août à 18h30 – St. John’s Convention Centre
samedi 16 août, 12h35pm – St. John’s Convention Centre
Pour découvrir le programme complet du festival ARTA VISTA, présenté dans le cadre des Jeux du Canada 2025 par Celebrate NL, rendez-vous sur: https://www.2025canadagames.ca/fr-ca/artavista.