Marie-Michèle Genest
Impossible de réprimer un déhanchement ou de ne pas chantonner joyeusement l’air de «Changes», qui sied parfaitement au renouveau du printemps. La mélodie accrocheuse est par ailleurs tombée dans l’oreille de la compagnie torontoise Bad Parade, qui s’est alliée avec Adrian House afin de mousser la visibilité du vidéoclip de la chanson. Un partenariat bénéfique pour le Terre-Neuvien qui n’affectionne pas particulièrement le passage obligé de la promotion.
Parue en 2019 sur l’album Lookin’ Up, la composition d’Adrian House avait un petit quelque chose d’étrangement prémonitoire. «J’ai écrit cette chanson avant la pandémie mais en fait, c’est la chanson parfaite pour la pandémie, n’est-ce pas! Ce sont des thèmes de résilience, de pouvoir surmonter les difficultés qui viennent dans la vie et de célébrer le fait d’être vivant, ici et maintenant dans le présent», philosophe le musicien. Cette chanson, ajoute-t-il, nous donne en quelque sorte la permission d’être heureux sans se sentir coupable, malgré un contexte mondial plutôt morose.
«La vie, ça change tout le temps», concède l’artiste quant à la prémisse de la chanson. L’impermanence, c’est un peu le précepte qu’Adrian House observe au quotidien, notamment à travers les enseignements du bouddhisme. Pragmatique, il souligne l’importance de s’ancrer dans le moment présent et d’accepter les changements qui surviennent au cours de notre existence. Des leçons qu’il a également puisées dans ses expériences personnelles. «Moi je suis surfeur, alors c’est un peu de surfer sur les vagues qui arrivent dans la vie», image-t-il avec humour.
Un projet fédérateur
Cette grande célébration du vivant, Adrian House a désiré la partager avec sa famille élargie. Pour ce faire, il a réquisitionné la participation d’une quarantaine d’amis et de membres de la famille afin de créer les nombreux plans qui rythment le vidéoclip, assemblés par son complice Ritche Perez. Loin du cliché de l’artiste narcissique, ce sont plutôt ses proches qui s’avèrent être les véritables vedettes de la vidéo, en s’appropriant les paroles de la chanson et en les délivrant dans l’attirail de leur choix. «Quand on est artiste, on passe beaucoup de temps seul en création devant l’ordinateur, mais pour moi, faire de l’art c’est essayer de connecter avec les autres personnes», relate Adrian House, visiblement ému par le résultat final.
Le vidéoclip a également plu à la quarantaine de spectateurs qui s’étaient déplacés pour le visionnement, si on en croit les nombreux rires et exclamations qui ont fusé tout au long de la projection. Il faut dire que plusieurs personnes apparaissant à l’écran se trouvaient également dans la salle de la Eastern Edge Gallery en ce mardi soir, où régnait une atmosphère chaleureuse et sans prétention. «C’était un peu comme une fête d’anniversaire pour enfants», relate Adrian House en riant, qui a même acheté des cupcakes et des boissons gazeuses pour l’occasion.
Le vent tourne…en français
Même si l’album Lookin’ Up n’a pu suivre un parcours régulier en raison de l’arrivée de la pandémie, Adrian House a le regard tourné vers l’horizon et mijote d’autres plans. Il espère recevoir une subvention du Conseil des arts du Canada afin de se consacrer, dans les prochains mois, à la création d’un album entièrement en français. Si tout va bien, il devrait se rendre à Montréal en septembre afin d’enregistrer son nouvel album.
Il faut dire que sa participation l’été dernier aux demi-finales du réputé Festival international de la chanson de Granby, au Québec, lui a permis de tisser des liens avec de nombreux musiciens francophones. Celui qui affectionne particulièrement les classiques de la chanson française a impressionné la foule avec sa performance de trois compositions originales dans la langue de Brassens, dont la pièce «Le parapluie d’Élise», qui lui a d’ailleurs permis de remporter le prix Arts et Lettres dans la catégorie musique sénior, le 22 avril dernier.
Se qualifiant lui-même de jongleur en raison des nombreux projets qui l’occupent en ce moment, Adrian House ne ferme aucune porte et se laisse porter par la vague. «Si je reçois un appel de Sting pour faire une tournée, je ne vais pas dire non», lance-t-il à la blague. Preuve qu’il faut demeurer ouvert à tout changement!
Pour visionner le clip de «Changes» d’Adrian House, rendez-vous ici: https://www.youtube.com/watch?v=mfbukbW1wYM
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