le Jeudi 11 septembre 2025
le Jeudi 11 septembre 2025 6:38 Chroniques

Réflexions du parc Gros-Morne: Comment conduire de manière plus écologique?

  Michael Fousert (Unsplash)
Michael Fousert (Unsplash)

Les véhicules génèrent moins de gaz à effet de serre qu’un véhicule conventionnel, mais d’autres facteurs doivent être considérés avant d’affirmer que nous avons là une solution à nos problèmes d’émissions de CO2.

Réflexions du parc Gros-Morne: Comment conduire de manière plus écologique?
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L’Agence internationale de l’énergie nous informe que, à l’échelle mondiale, si nous voulons remplacer le flot de véhicules conventionnels, soit 1,5 milliard de voitures et de camions, par des véhicules électriques, nous devrons accepter que l’extraction de minéraux soit jusqu’à six fois supérieure à celle des véhicules conventionnels. 

De la Terre jusqu’à l’usine

Si un véhicule électrique ne comprend que 50 pièces comparativement à 250 pièces pour sa fabrication, il faut réaliser que l’exploration et l’exploitation minière nécessaires à la construction de ces autos et camions se feront à grande échelle. 

Ces matériaux proviennent du Chili, de la Chine, de la Corée, de l’Indonésie, de l’Australie et prochainement même du Labrador. En 2022, Vale, propriétaire de la mine de Voisey’s Bay, a conclu un accord d’approvisionnement avec Tesla pour fournir du nickel à faible teneur en carbone à Northvolt AB, un fabricant géant suédois de batteries. 

Pour de nouvelles mines, il est cependant important de noter qu’il faut environ 16 ans entre la découverte d’un gisement et sa mise en production. 

Par ailleurs, l’extraction de lithium, dont près de huit kilogrammes se trouvent dans une batterie d’un véhicule électrique, prend énormément d’eau, qui, par ce fait, peut affecter les nappes phréatiques.

Après l’extraction de ces matériaux, qui demandent quand même des énergies fossiles, il faudrait des routes, des ponts, des stationnements et l’implémentation des bornes d’approvisionnement partout sur le territoire pour les transporter vers l’usine. Est-ce que l’on doit aussi mettre ce calcul dans l’équation? 

Finalement, il y a différents prix à payer en conduisant des véhicules électriques.

Il sera intéressant de suivre les développements dans ce domaine. Les scientifiques et les ingénieurs s’intéresseront certainement aux atomes liés à la nanotechnologie afin d’alléger les véhicules de demain. Alors, pourquoi ne pas intégrer des panneaux solaires à la surface des véhicules électriques de type berline, c’est-à-dire au capot, au toit et au coffre? Pourquoi ne pas produire de l’électricité à partir des roues des voitures? Sur une planète aux ressources limitées, c’est une question à laquelle nous devrons inévitablement réfléchir. 

Des réflexions qui s’imposent

En achetant une auto, il serait sage de prendre en compte l’ensemble du cycle de vie des voitures. Les VE sont probablement plus polluants que les voitures à essence lors de leur fabrication, mais beaucoup moins à long terme, car elles fonctionnent à l’électricité. En d’autres termes, plus la distance parcourue est longue, plus les véhicules électriques sont respectueux de l’environnement.

En plus de l’environnement et de la fabrication des autos, d’autres facteurs s’imposent lors de l’achat d’un véhicule, dont le prix d’achat, les performance, la sécurité routière, la longévité, la disponibilité des infrastructures, les coûts de réparations et d’entretien (et donc le nombre de mécaniciens compétents disponibles près de chez vous), la disponibilité des pièces de rechange, les coûts élevés de l’assurance, la puissance du véhicule, le contexte hivernale, l’apprentissage d’un nouveau mode de transport, le nombre de stations-services disponibles, le prix de revente, les coûts reliés aux réparations et au chargeur à la maison, le contexte politique, la politique d’électrification provinciale, les subventions gouvernementales, la présence de tarifs douaniers pour des achats futurs, etc…

Par exemple, les camions à batterie semblent bien fonctionner pour les livraisons sur de courtes distances, voire urbaines, mais posent problème pour les longues distances, en particulier en hiver. Il convient également de noter que le prix moyen d’un semi-remorque est de 600 000 dollars, contre 225 000 dollars ou plus pour un camion diesel, et ce, sans compter la station de recharge.

Quand la politique s’y invite

Incitatif pour les acheteurs: le gouvernement fédéral, par l’entremise de son ministère de l’Environnement et du Changement climatique, entend rétablir son programme d’aide pour l’achat d’un véhicule électrique.

Par ailleurs, le fabricant Honda a fait l’annonce récemment qu’il suspendra pendant environ deux ans ses investissements de VE au Canada, estimés à 1,5 milliard de $. La raison évoquée étant le ralentissement de la croissance du marché pour ce genre de véhicules, je me demande si on s’attend à des subventions gouvernementales pour soutenir l’industrie. En cette même période, Volkswagen a parallèlement décidé d’aller de l’avant avec sa gigantesque usine du sud de l’Ontario. 

Une approche différente serait-elle plus efficace et plus respectueuse de l’environnement, notamment en profitant des transports en commun? Dans notre province, St. John’s, Mount Pearl, Paradise, Corner Brook, St. Anthony et Happy Valley-Goose Bay disposent de transports publics. En mars dernier, Labrador City et Wabush ont lancé une enquête d’évaluation des besoins pour une flotte dans la région de Labrador West. Pendant l’été, les municipalités de Torbay, Bauline, Flatrock, Bell Island, Pouch Cove, Portugal Cove-St. Philip’s et Logy Bay-Middle Cove-Outer Cove — ont lancé leur propre étude de faisabilité sur un service de bus.

Le centre de ressources, Drive Electric NL Resource Center, basé à St. John’s, offre de l’information pertinente pour l’achat de véhicules électriques à Terre-Neuve-et-Labrador. Pour en savoir plus, rendez-vous par ici: https://www.driveelectricnl.ca/ (anglais seulement).