PROPOS RECUEILLIS PAR COLINE TISSERAND
JEFFREY YOUNG: Pour de meilleurs services en éducation et en santé
CT: Pourquoi avez-vous choisi de vous présenter à ces élections, et en particulier dans la circonscription de Port-au-Port?
Jeffrey Young: La raison pour laquelle je me présente… On est la première nation Qalipu formée depuis dix ans maintenant et durant ces dix ans, notre région de Port-au-Port a vraiment eu très peu de ressources [de la part de la bande] Qalipu. On est la deuxième plus grande région en termes de membres après Corner Brook, et on est peut-être la place avec le moins de services. On n’a pas d’employés dans la région. On en a à Stephen-ville, qui est juste à côté de nous autres, mais même là, on a seulement un employé. Tous les autres employés sont à Corner Brook, dans la plus grande ville, et moi je ne trouve pas cela juste. Et notre service ici, on est… je crois qu’on est toujours dernier. Notre voix qui est présentement à la table [du conseil] n’est pas forte etc ette voix est là depuis six ans, depuis les deux dernières élections. Durant ces six dernières années, on a vu très peu de [personnes de la bande] Qalipu ici. […] Je veux apporter plus à la table [du conseil], et je veux que notre région ait beaucoup plus.
CT: Quelles sont vos priorités en tant que candidat pour Port-au-Port? Que souhaitez-vous apporter en particulier si vous êtes élu au conseil?
JY: Moi je voudrais apporter un meilleur service pour l’éducation, pour les personnes qui cherchent des fonds [des fonds d’aide de la bande Qalipu] pour bénéficier d’une éducation [pour l’éducation secondaire et les programmes à court terme]. En ce moment, ils [la bande Qalipu] ont un modèle qui est très vieux, qui est très… pas moderne. Il faut moderniser ce programme d’aides. Par exemple, quand tu appliques pour du financement afin de payer pour tes cours, il faut envoyer ta demande par la poste. Si tu n’envoies pas par la poste, ils ne l’acceptent pas. On devrait être capable de l’envoyer en ligne… Et tu dois payer directement pour ton éducation, puis ils te remboursent après. Je crois que cela crée beaucoup de barrières pour les jeunes qui n’ont pas les moyens… Comme moi par exemple, j’ai utilisé ce programme par le passé, et j’avais besoin d’avancer presque 5000$ pour mes études… Donc des jeunes, ou même des adultes qui n’ont pas accès à ces dollars directement, ne peuvent pas avoir un accès à l’éducation dans ces conditions.
Et je veux qu’on commence à prioriser la santé. Actuellement, on a beaucoup de personnes sans docteur, on a des attentes extrêmement longues pour avoir accès à des docteurs et pour les remboursements des frais liés aux soins reçus. Cela prend du temps quand quelqu’un voyage pour voir un docteur par exemple. Donc moi j’aimerais créer des solutions pour mieux aider les membres.
CT: La Première Nation Qalipu fête ses 10 ansde reconnaissance officielle cette année. Selon vous, quel chemin reste-t-il à parcourir après ces 10 premières années?
JY: Pour la communauté, il y a beaucoup de travail à faire. Il y a beaucoup d’éducation à faire, pour les membres à propos de qui nous sommes, de notre identité. Et juste apporter plus de services aux membres dans toutes les régions et pas juste dans quelques endroits en particulier.
CT: Est-ce qu’il y a des besoins spécifiques pour certains membres Qalipu qui sont également francophones dans votre circonscription? Est-ce que cet aspect figure parmi vos priorités?
JY: Moi je trouve ça très important que l’on connaisse nos identités. Je dirais que 80% des personnes [de la péninsule], sinon plus, sont Acadiens Mi’kmaq, sur la péninsule, comme moi, qui parle français. Je dirais que 90% des élèves qui vont à l’école francophone sur la péninsule sont de l’identité mi’kmaq et acadienne, ou de la France, mais je dirais plus acadien. Donc, c’est très important pour moi et aussi pour mes enfants de connaître mes deux cultures, mes héritages et ces identités.
À noter: Jeffrey Young est le vice-président du Conseil d’administration du Gaboteur. Dans cette entrevue, il a répondu aux mêmes questions que l’autre candidat qui se présente aux élections Qalipu.
JASEN BENWAH: Sécurité alimentaire, accès aux services etprésence permanente Qalipu
Propos traduits de l’anglais
CT: Pourquoi avez-vous choisi de vous présenter à ces élections, et en particulier dans la circonscription de Port-au-Port?
Jasen Benwah: Tout d’abord, parce que j’ai toujours été une personne impliquée dans la communauté autochtone en aidant à fournir des services et des programmes depuis 25 ans […]. Donc ce n’est pas quelque chose que je viens juste de commencer, c’est quelque chose que j’ai toujours fait et que je veux continuer parce qu’il y a tellement plus à faire que ce qui a été déjà fait!
CT: Quelles sont vos priorités en tant que candidat pour Port-au-Port? Que souhaitez-vous apporter en particulier si vous êtes réélu au conseil?
JB: Mes priorités sont de continuer à soutenir les programmes de la communauté autochtone mi’kmaq, y compris le renforcement de la sécurité alimentaire et l’accessibilité aux services. Mais j’aimerais aussi que nous commencions à modifier l’organisation de la Première Nation Qalipu pour qu’elle soit plus intégrée dans les circonscriptions, que ce soit plus accessible et décentralisée dans le sens où chacune des circonscriptions – en particulier notre circonscription – ait une présence permanente en ce qui concerne tous les programmes dont nous avons besoin, que ce soit en termes de sécurité alimentaire, d’éducation, ou encore en termes de santé.
Quand je vais au conseil de bande, je représente les membres de la circonscription de Port-au-Port, et ce que j’apporte, c’est mon expérience, mon expérience de travail avec les membres pour fournir des services et pour continuer et construire sur cela, parce qu’il y a tellement plus à faire.
CT: La Première Nation Qalipu fête ses 10 ans de reconnaissance officielle cette année. Selon vous, quel chemin reste-t-il à parcourir après ces 10 premières années?
JB: Le défi maintenant est de modifier le groupe sans le briser, de le plier, de le modeler pour l’amener dans les communautés. Aussi, le dossier des applications au statut d’autochtone pour la bande Qalipu a toujours été un point sensible pour le groupe et ses membres pendant longtemps, il faut travailler continuellement là-dessus[…]. Je pense qu’une plus grande collaboration dans les communautés est nécessaire, pas seulement une présence, pour que le groupe devienne plus une entité de soutien culturel dans les circonscriptions. […]
CT: Est-ce qu’il y a des besoins spécifiques pour certains membres Qalipu qui sont également francophones dans votre circonscription? Est-ce que cet aspect figure parmi vos priorités?
JB: J’estime que les trois quarts de la population francophone ont leur carte de statut dans la bande Qalipu, et ce n’est pas vraiment un problème parce que nous savons tous que lorsque les Mi’kmaqs ont rencontré les Européens pour la première fois, ils parlaient en français, et la première langue étrangère que les Mi’kmaq ont apprise a été le français. Donc il y a une relation directe et bien établie, et nos Mi’kmaqs parlaient français avant de parler anglais. […] Il y a une énorme interrelation entre Mi’kmaqs et francophones, qui ne fait pas concurrence à l’autre, mais qui la complète, et nous devons tous travailler ensemble pour le bien de la communauté.
Je me réjouis des élections qui arrivent et je suis très heureux de dire que de tous les candidats qui se présentent – je suis content qu’ils se présentent tous – je vois beaucoup de respect. Les gens sont très respectueux, et montrent leur vraie nature mi’kmaq, donc c’est génial de voir ça. […] J’attends avec impatience de voir se former un conseil fort, qui fera beaucoup plus de choses.
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