Cody Broderick
Le 8 avril dernier, Alexandre Matte s’est joint à des classes d’immersion française de partout dans la province, en direct par vidéo, pour partager quelques contes, son amour de la langue et sa culture franco-ontarienne avec les jeunes apprenants de la langue française.
De compter à conter
Né et élevé en Ontario, Alexandre travaillait avec les chiffres avant de devenir conteur professionnel. Après avoir travaillé quelque temps en tant que directeur financier depuis 2007 pour le Théâtre du Nouvel-Ontario et le Carrefour francophone de Sudbury, il s’est rendu compte que ce n’était pas exactement le métier qui lui convenait.
«Mais quand même, il y avait quelque chose qui me manquait, puis plus ça avançait, plus que j’ai constaté que ce que je préférais dans mon emploi, c’était pas compter les chiffres, c’était aller sur le terrain.»
Ce qui l’a poussé dans les bras de sa nouvelle vocation est surtout ce «manque de contact humain», mais aussi un coup de pouce donné à la garderie de ses filles. Après l’avoir vu «y passer un peu plus de temps que les autres parents», à jouer avec les enfants à la garderie, le superviseur lui demandait souvent d’y travailler.
Pas exactement ce qu’il cherchait, mais déjà une bonne piste.
En même temps, le comptable s’intéressait beaucoup à la prise de parole en public. Il suivait également une formation de Toastmasters International, une organisation à but non lucratif qui enseigne dans le monde entier la prise de parole en public et les compétences de leadership à ses membres. Et pour s’entraîner à ses présentations, il ne se tenait pas devant un miroir, mais racontait des histoires à ses filles.
Au fil du temps, elles lui demandaient de plus en plus souvent de raconter des histoires. Puis, un déclic s’est fait: pourquoi pas devenir conteur pour enfants? Surtout que cette occupation réunit toutes ses passions! Dans la mesure où ses filles sont son «public le plus difficile», c’est surtout grâce à elles qu’il est devenu un tel maître des mots.
La dernière rencontre des Rencontres
La présentation commence avec un exposé sur la ville de Sudbury, une des capitales francophones importantes de sa province natale, et son fameux «Gros cinq sous». Ensuite, c’est le temps de se raconter des histoires! Le franco-ontarienne donne vie à quelques contes et expliquent ensuite aux élèves comment inventer son propre conte: «Savez-vous ce que sont les péripéties? C’est un grand mot, “péripéties”…»
Dino le petit dragon et une chatte enceinte sont seulement deux personnages dans les contes présentés lors du rencontre, mais son répertoire s’élargit sans cesse. Si Alexandre aime bien s’inspirer des contes de la tradition orale franco-ontarienne – par exemple, les histoires de Ti-Jean – il lui importe aussi d’inventer ses propres contes. Un bon nombre des histoires de son cru sont basées sur des événements de sa vie personnelle et/ou mettent en scène des animaux!
Son conte préféré, «Trompe trompé», raconte l’histoire d’un éléphant avec une trompe particulièrement petite. Alors que les autres éléphants l’intimident à cause de la taille de sa trompe, il s’avère que le protagoniste a des qualités inattendues qui le rendent super spécial. La morale étant une partie importante de ses histoires, le conteur aime interagir avec son public pour discuter d’enjeux actuels comme celui de l’intimidation.
Après avoir raconté «La légende de Dino le dragon», une histoire qu’il a inventée avec une école de Mississauga et accompagnée de dessins faits par les élèves de l’école, il encourage les jeunes à inventer leurs propres histoires et à les partager, comme lui, en français.
La présentation d’Alexandre était la dernière d’une série de rencontres avec plusieurs conteurs autour du Canada, dont Rob Malo, du Manitoba, Cheyda Haramein, du Nouveau-Brunswick et Anne Glover de la Colombie Britannique – des rencontres auxquelles Alexandre a également assisté.
«C’était vraiment intéressant de voir la différence entre les styles, entre les conteurs et entre les contes», dit-il à propos de ces autres conteurs. «Je pense que [c’est] bon de voir les différents accents, de constater que les francophones sont partout, et que chaque conteur a son propre style.»
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