Le Festival du Vent présentera un spectacle musical qui réunira le Québécois Antoine Lachance et le Fransaskois Étienne Fletcher. Rencontre avec ces deux artistes qui feront le premier arrêt de sept escales en francophonie sur la scène du Centre des Grands-Vents le vendredi 16 novembre.
C’est dans le cadre de la tournée Coup de cœur francophone que les deux musiciens mettront pied à terre à Terre-Neuve pour la première fois pour faire rayonner la culture musicale francophone à un public friand de découvertes. Entrevues avec les deux artistes.
Par Laurence Berthou-Hébert
Antoine Lachance
Antoine Lachance s’est épris jeune de la musique comme moyen d’expression. C’est en 2008, après un début de carrière passé à chanter des covers dans les bars, que la formation « On a créé un monstre » voit le jour. Antoine a alors la piqûre de l’écriture et entreprend son projet solo à l’orée de l’année 2014, année qui le verra remporter la finale du prestigieux Festival de la chanson de Granby. Cumulant les éloges partout où il passe, le talentueux auteur-compositeur-interprète s’est taillé une place de choix dans le paysage musical francophone ces dernières années.
Comment décrirais-tu ton style musical? Je fais de la chanson, donc ça reste accessible, mais je suis aussi très friand de musique instrumentale et j’aime intégrer des samples instrumentaux de vinyles dans mes compositions. Un ami m’a dit que je faisais de la « pop de gauche ». Ça me convient comme étiquette!
Quelles sont tes sources d’inspiration? J’écris surtout à propos de mon vécu, de celui des autres, d’histoires que je glane ici et là. Mon premier album, Cimetière d’avions, est né de la volonté de rendre hommage à mon père, décédé l’année avant sa sortie. Vivre un tas de choses de façon condensée, ça donne un souffle à l’écriture, c’est certain.
Peut-on vivre de la musique en tant qu’artiste francophone au Canada? Oui, c’est possible. Pour ma part, je fais aussi de la production, je compose pour des expositions en arts visuels, j’ai fait la musique pour le spectacle de l’humoriste québécois François Bellefeuille, par exemple, et c’est de cette façon que j’arrive à en vivre. Le métier de musicien s’apprend avec les autres, donc ça nourrit ma propre création que de côtoyer d’autres artisans du milieu : je développe des trucs, des façons de faire.
Qu’est-ce que la tournée Coup de cœur francophone permet aux artistes qu’elle met de l’avant? J’ai eu la chance de participer à la tournée CCF en 2016, alors que je faisais la première partie de Philippe Brach. Je me souviens avoir été vraiment surpris, la première fois que je suis allé à Winnipeg, de voir le bassin de francophones qu’il y avait hors Québec. Cette tournée me permet de découvrir les réalités des autres communautés francophones du pays, c’est très riche comme expérience.
La chanson que tu préfères jouer sur scène? J’aime beaucoup jouer Bar Excel, la pièce la plus rock de mon premier album. Ça brasse pas mal, et je me plais à faire sortir les gens de leur zone de confort un peu.
Comment envisages-tu le spectacle du 16 novembre prochain? Je lancerai mon deuxième album à l’hiver 2019. Ce spectacle sera donc l’occasion pour moi de jouer plusieurs chansons pour la première fois. Cela fait près de trois ans que je travaille sur ce nouveau matériel, j’ai donc très hâte de voir comment les gens vont réagir. C’est un test parfait!
Le premier album d’Antoine Lachance, Cimetière d’avions, est disponible sur Bandcamp, Spotify et iTunes. La sortie de son prochain album est prévue pour février 2019.
Étienne Fletcher
Le Fransaskois Étienne Fletcher impressionne par sa verve et sa volonté de contribuer au rayonnement de sa communauté; de transmettre, surtout, le goût de la culture francophone aux générations qui le suivront. C’est sans doute pour cela d’ailleurs qu’il participe ces jours-ci à une tournée dans les écoles de sa communauté. Son objectif : « que parler français soit plus qu’une règle à l’école ». Pour lui, cela passe par l’expérience culturelle, puisque « c’est en voyant un spectacle, en écoutant de la musique, qu’on s’approprie une culture ».
Tu composes aussi bien en anglais qu’en français. Comment concilies-tu cette double identité linguistique? Avec mon premier groupe, Indigo Joseph, on ne composait qu’en anglais. Puis, avec l’autre chanteur du groupe, nous avons commencé à essayer d’écrire en français. Est né de cet effort l’album Collages, qui a été très bien reçu, aussi bien du côté anglophone que chez les francophones. Le groupe a par la suite décidé de prendre une pause indéfinie, et j’en ai profité pour développer ce créneau. Ça a été une réelle bataille au début; je ne savais pas comment j’allais concilier les deux langues dans mon art. Aujourd’hui, je me définis comme artiste bilingue, mais ça n’a pas toujours été aussi simple. Les gens comprennent heureusement que pour survivre dans cette industrie, nous n’avons pas le choix de nous diversifier. Et puis, pour ma part, je constate que cela ajoute une diversité intéressante sur le plan artistique.
Te sens-tu une responsabilité vis-à-vis de ta communauté? Quand j’ai commencé, j’avais l’impression que le titre d’ambassadeur m’était imposé, mais aujourd’hui je l’accueille naturellement. Je suis engagé dans ma communauté, avec les tournées scolaires, notamment; je suis fier de mon identité fransaskoise et il est vrai que les communautés francophones sont menacées. Je suis donc fier d’apporter ma contribution.
Comment décrirais-tu ta musique? J’aime quand il y a de la variété sur un même album. J’essaie de diversifier les thèmes, les styles aussi. Je fais du rock alternatif, de la pop; j’aborde des sujets tantôt sombres, tantôt plus légers. Ce qui m’importe, c’est que ça reste près de mon identité.
Quel est ton lien avec la tournée Coup de cœur francophone? Quand j’étais jeune, le spectacle de la tournée CCF c’était pas mal le seul moyen qu’on avait d’avoir accès à la musique francophone, je suis donc très fier de faire partie de ce spectacle à mon tour. Quand je vais visiter les autres communautés francophones dans le reste du Canada, il y a ce sentiment d’appartenir à une grande famille, d’avoir quelque chose en commun, qui est très fort et rassembleur. La tournée permet de garder ce contact-là.
Quelle est la chanson que tu préfères jouer sur scène? J’aime beaucoup jouer la pièce Chérie, chéri, et une plus récente, Prairie Light.
La musique d’Étienne Fletcher est disponible sur Soundcloud. Il a lancé 2 EP et un vinyle bilingue sera disponible dans le cadre de la tournée CCF.
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Les billets pour le spectacle d’Antoine Lachance et Étienne Fletcher sont en vente sur le site de l’Association communautaire francophone de Saint-Jean. Entrée : 15 $ pour les membres et 20 $ pour les non-membres.
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