Coline Tisserand
Aujourd’hui, le sifflet des locomotives a fait place aux craquements de chaussures des randonneurs, aux sons des VTT, des motoneiges, des cavaliers, et des vélos qui parcourent tous cette piste chargée du passé ferroviaire de la province.
La mise hors service de la ligne ferroviaire en 1988 n’a en effet pas signé l’arrêt de mort du chemin. En 1997, il a été rebaptisé le Newfoundland T’Railway Provincial Park et est devenu un «sentier récréatif multi-usage et quatre saisons» [traduction à partir du site du T’Railway]. L’ancien chemin de fer a donc progressivement été transformé en sentier de randonnée pour le plus grand bonheur des aventuriers de tout horizon.
Du cyclotourisme hors des sentiers battus
Le T’Railway fait également partie du Grand Sentier, le sentier Transcanadien reliant le Yukon à Terre-Neuve. De quoi attirer aussi des aventuriers d’autres provinces, telle la Québécoise Marie-Pierre Savard.
Mordue de voyage et de vélo, la Montréalaise s’est lancée en août 2019 dans une traversée d’ouest en est de la grosse Roche sur les chemins de gravelle du T’Railway. 16 jours pour parcourir un itinéraire de presque 1 000 kilomètres, soit une moyenne de 75 kilomètres par jour sur son vélo en solo.
Le cyclotourisme hors des sentiers battus est ce qui plaît à Marie-Pierre Savard. Le T’Railway, un «secret bien gardé et encore méconnu chez les cyclistes» selon elle, est une destination qui l’a attirée pour son côté sécuritaire. Tout en étant parfait pour le bikepacking, du cyclotourisme d’aventure sur tout terrain, chargé d’un équipement léger.
Présence de campings aménagés, proximité des points d’eau (lacs ou rivière) et villages peu espacés entre eux pour assurer le ravitaillement sont tous des critères liés à la sécurité, et qui lui ont fait choisir le sentier du T’Railway. Elle a également trouvé une mine d’information en ligne pour faire le sentier à vélo, facilitant la préparation de son projet.
Donner le goût de l’aventure
Elle veut à son tour partager ses conseils tirés de sa propre expérience sur les chemins caillouteux du parc provincial linéaire. Initialement prévue en avril 2020 dans les bureaux montréalais de Vélo Québec, sa conférence a été reprogrammée le 25 janvier 2021, en virtuel bien évidemment.
Sans bouger de Terre-Neuve, on pourra ainsi entendre le récit de son aventure. Le but de sa conférence? Encourager les personnes intéressées -simples curieux, débutants ou expérimentés-, à se lancer dans ce genre de projet.
«Je me considère comme une experte humble. Je n’ai pas de connaissances techniques poussées, et mon but est de donner le goût aux gens, de montrer que c’est possible pour tous, même si on est débutant. Le but est d’aller à son rythme,» explique la Québécoise. Itinéraire du parcours, nourriture, bagages : Marie-Pierre Savard partagera ses trucs pour se préparer comme il le faut à un voyage de ce genre.
Selon elle, le T’Railway est un sentier idéal pour ceux qui veulent s’initier au bikepacking et au cyclotourisme. Très bien balisé, «il est très sécuritaire, car il est vraiment difficile de se perdre, même en pleine forêt.» Il faut cependant être bien équipé pour affronter les sentiers de montagne.
15 ans plus tard
Depuis son premier périple à vélo en 2011, la cycliste a eu la piqûre pour cette manière de voyager, et compte une dizaine de pays parcourus à coup de pédales. «En voyage, le vélo permet une plus grande liberté, et c’est aussi plus accessible financièrement,» explique Marie-Pierre Savard. Elle ne voyage donc jamais sans son vélo, mais aussi sans sa caméra, puisqu’elle est photojournaliste de formation.
Pour l’anecdote, la cycliste avait déjà posé les pieds à Terre-Neuve il y a plus de 15 ans de cela. Un road trip pour aller chercher du travail pendant la saison estivale. «Je suis partie avec une amie depuis Montréal dans une vieille auto. […] Sortie du traversier à Port-aux-Basques, alors que je me faisais un sandwich, je me suis coupé le doigt à un tel point que j’ai dû aller aux urgences. J’ai dû subir une grosse chirurgie, et rester à l’hôpital.»
Son amie continua le road trip sans elle, et Marie-Pierre dut retourner au Québec, car la blessure nécessitait deux mois de guérison. L’épisode malencontreux ne l’a pas cependant refroidi: l’idée de retourner à Terre-Neuve est bien restée.
Paysages sauvages
Sa seule mésaventure cette fois-ci a été la rencontre impromptue, en plein milieu du T’Railway à la sortie d’un virage, de deux ours «en pleine discussion.» Les ours ont fini par partir, mais la Québécoise a ensuite été plus méfiante par rapport aux animaux.
Ceci ne l’a pas empêchée de profiter des paysages sauvages magnifiques durant sa traversée. «J’ai vraiment aimé le côté sauvage de l’île et j’espère y retourner pour explorer d’autres endroits de la province.»
Son coup de cœur? Le Parc National du Gros Morne, son premier arrêt après avoir atterri à Deer Lake et avant d’entamer le T’Railway. «C’est vraiment extraordinaire de pédaler au milieu des Tablelands. Pour ma première journée de vélo, ça commençait fort, tout comme la vue extraordinaire depuis le camping!» se rappelle Marie-Pierre Savard.
Des anecdotes qui donnent un avant-goût de sa conférence, programmée le 25 janvier 2021, à 19 heures (heure du Québec).
—
Pour plus d’informations sur sa conférence et pour vous y inscrire (10$ pour les non-membres de VéloQuébec), c’est ici
Pour découvrir d’autres voyages de Marie-Pierre Savard, rendez-vous sur sa page.
Intéressé par le Newfoundland T’Railway Provincial Park? Par là.
Les commentaires sont modérés par l’équipe du Gaboteur et approuvés seulement s’ils respectent les règles en vigueur. Veuillez nous allouer du temps pour vérifier la validité de votre premier commentaire.