«Chaque année apporte ses succès et ses défis, et la dernière année ne fut aucunement différente», explique le président du CSFP, Michael Clair, en citant les réussites principales de l’année, dont les travaux de rénovation à l’École Rocher-Du-Nord à St. John’s et le financement pour une étude sur l’agrandissement de l’École Boréale à Happy Valley Goose-Bay. La plus importante réussite, selon lui, «est que nous avons finalement une meilleure compréhension de comment l’Éducation en français à langue première est financé à Terre-Neuve-et-Labrador et où en sont les vacuums.»
Sans états financiers à présenter, Peter Smith, directeur général adjoint aux finances et à l’administration du CSFP, fournit des informations sur à quoi s’y attendre. «En ce moment, on présente un déficit comptable aux environs de 500 000$, et le déficit opérationnel, c’est dans les 200 000$», dit-il. «Notre situation financière est en léger déclin. C’est dommage parce que ça fait maintenant trois ans de suite que nous vivons des déficits.»
Cette année, il dit que le CSFP fonctionne avec un budget de «à peu près de 12,5 millions$». Avec du soutien financier de la province, le CSFP a pu réduire son déficit prévu de 300 000$ à 150 000$.
Salaires «les plus bas au Canada»
«Nous savons depuis plusieurs années que le CSFP est sous-financé et que nous sommes en situation de crise», dit Michael Clair. Cela se voit, selon lui, surtout dans les salaires que le CSFP paie aux employés, qui, en comparaison avec d’autres conseils scolaires du pays, sont payés «les salaires les plus bas au Canada.»
Après 26 ans au CSFP, Peter Smith prend sa retraite ce mois-ci, mais après avoir embauché un cabinet de recrutement pour entamer une recherche au niveau national, le CSFP n’a pas encore pourvu le poste. «Il n’est pas facile de recruter un comptable bilingue possédant un certificat CPA à Terre-Neuve-et-Labrador, surtout si on offre un salaire parmi les plus bas au Canada», constate le président. «Malheureusement, tous les candidats se sont désistés. Le salaire, les bénéfices et le déménagement furent tous cités comme raison. Le cabinet de recrutement s’est donc remis au travail, mais le salaire est effectivement une barrière.
Au cours des trois dernières années, presque 30 personnes ont occupé 8 postes au siège social, ajoute-t-il, monsieur Clair. «Les raisons principales pour les départs étaient les bas salaires combinés avec une surcharge de travail et un manque de poste permanent.»
Selon la déclaration de rémunération du CSFP accessible au public sur le site Web du gouvernement provincial, l’année dernière, alors qu’il occupait le poste de directeur par intérim du CSFP, monsieur Smith a reçu un salaire annuel de 136 400$, soit une augmentation de 3000$ par rapport à l’année précédente en tant que directeur général adjoint aux finances et à l’administration, poste qu’il occupe actuellement.
Monsieur Smith fait remarquer qu’après le départ du comptable du CSFP l’année dernière, celui-ci a dû engager un consultant pour un honoraire beaucoup plus élevé. Le consultant s’est avéré être l’ancien employé du CSFP.
Le CSFP a compté l’année dernière 122 employés au total.
Nouveau gouvernement
«Pour adresser ces lacunes, le CSFP a tenu deux rencontres avec deux ministres de l’Éducation», poursuit-il, Michael Clair. «Mais tout est à recommencer, car, depuis l’élection provinciale du 9 octobre dernier, nous avons maintenant un nouveau gouvernement et un nouveau ministre de l’Éducation». Il ajoute qu’une demande a déjà été effectuée pour rencontrer le nouveau ministre, Paul Dinn.
Si les élections provinciales «ont bouleversé la stratégie anticipée» du CSFP, monsieur Clair exprime quand même son espoir que le nouveau gouvernement conservateur de la province va soutenir sa cause. «Le nouveau premier ministre, Tony Wakeham, dans son premier discours après avoir été élu à son nouveau poste, a prononcé devant un public francophone qu’il s’est dit solidaire avec la francophonie terre-neuvienne-et-labradorienne.» Ses discussions avec le nouveau premier ministre ont également touché la création d’une école et d’une garderie francophones à Stephenville. «Nous aurons peut-être maintenant l’occasion inusitée d’avancer ces projets avec le premier ministre comme député de cette région», ajoute-t-il.
«Le financement opérationnel reste quand même prioritaire: les formules d’allocation de la province ni le PLOÉ [Programme de langues officielles en éducation] ne répondent entièrement à nos besoins. Maintenant, armés de cette information, nous sommes en mesure de soumettre des recommandations précises au gouvernement pour adresser nos problèmes financiers.»
En 2017, le CSFP, en contestant son manque d’implication dans les négociations du PLOÉ, a accusé Patrimoine canadien de manquer ses obligations en vertu de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. L’article 23 oblige notamment la consultation des parents des ayants droit et de fournir des fonds suffisants pour garantir une éducation de qualité équivalente dans la langue de la minorité. Cette cause a été entendue au Cours suprême fédéral début octobre dernier, lors duquel le ministère du Patrimoine canadien a quant à lui passé la responsabilité de consultation à la province.
«Nous espérons que [la cause] sera décidée en notre faveur, ce qui nous donnera un levier de plus pour convaincre la province de nous financer adéquatement», résume monsieur Clair.
Autres priorités
Malgré les restrictions budgétaires, la population scolaire augmente. Marcella Cormier, directrice générale de l’Éducation du CSFP, souligne dans son rapport sur les activités que le CSFP accueille cette année 437 élèves, soit une quarantaine de plus en comparaison avec l’année dernière, ainsi que 9 aide-élèves, soit le plus grand nombre d’aide-élèves ayant jamais travaillé au CSFP. Elle cite le démarrage plus tôt que d’habitude de la campagne de Bon Départ comme raison de cette réussite, mais, afin de continuer à soutenir la population étudiante croissante et les employés travaillant dans les écoles, elle souligne que le CSFP aura besoin davantage de ressources financières.
«Six à huit» élèves ont pourtant quitté le CSFP pour étudier dans le conseil scolaire anglophone, et ce, «pour une meilleure offre de cours», selon madame Cormier. Elle note également que les élèves de l’École Rocher-du-Nord ont signé une pétition l’année dernière pour améliorer l’offre de cours du CSFP. «C’est un travail qui doit se poursuivre», résume-t-elle. L’élève-conseiller, Tristan Claveau, n’était pas présent lors de l’AGA pour exprimer son avis.
Recruter des enseignants s’est avéré plus difficile que les élèves. Madame Cormier regrette notamment les «retards inacceptables» pour la certification des enseignants de l’étranger. Peter Smith ajoute que le CSFP compte aussi lutter pour une subvention du gouvernement pour pouvoir fournir des logements aux enseignants au Labrador.
En plus de la révision et de l’élaboration de certaines politiques, dont celle du congé du personnel enseignant, celle sur les appareils numériques des élèves, et une politique contre le racisme, les préparations du Plan stratégique 2027-2030 du CSFP sont également en cours. Madame Cormier annonce avoir déjà commencé les sondages auprès des enseignants, des élèves et des parents. Les nouvelles rencontres élèves-parents-enseignants, quant à eux, ont pour but «d’engager les élèves dans leur processus d’apprentissage, puis de se fixer des buts personnalisés pour continuer leur voyage en apprentissage», explique la directrice générale de l’Éducation.
Si la capacité est atteinte à l’École des Grands-Vents, qui accueille les élèves de la maternelle jusqu’à la 4e année, ainsi que des organismes francophones et le siège social du CSFP qu’on aimerait déménager, le CSFP priorise l’infrastructure des écoles au Labrador. «Et nous avons réintégré la présence de fonds fédéraux pour subventionner les coûts de construction», ajoute Michael Clair.
Les travaux d’agrandissement et de rénovation de ces écoles du Big Land ne progressent pas assez rapidement pour Brian Lee, représentant labradorien du conseil d’administration, qui a exprimé ses frustrations au manque de processus concret après que le CSFP a dépensé 50 000$ sur une étude de faisabilité. «Ça ne bouge pas», répète-t-il.
Le transport d’élèves à Labrador City, quant à lui, améliore cette année, car le poste est tout récemment devenu un poste de temps plein au lieu d’un poste de temps partiel. Au lieu de ne travailler que cinq heures par jour, l’employé qui se charge des transports travaille maintenant à sept heures par jour, grâce à l’adoption du modèle sur la péninsule de Port-au-Port, où l’employé chargé des transports occupe parallèlement le poste de concierge de l’école.
Dernière priorité pour le CSFP: les prochaines élections pour un nouveau conseil scolaire, qui n’ont pas eu lieu depuis 2016. Entretemps, on réélit lors de l’AGA Michael Clair comme président du CSFP ainsi que Dénis Michaud et Carole Gillingham en tant que vice-présidents.
L’approbation des états financiers du CSFP aura lieu à la prochaine réunion du conseil d’administration prévue le 18 janvier prochain.