ABC 2022

G–Géographie

Pendant des millénaires, les Innus n’utilisaient pas de cartes pour trouver leurs chemins. Tous les noms des lieux du Nitassinan — leur territoire ancestral, sans frontière entre le Québec et le Labrador  — n’étaient partagés qu’oralement. 

Magazine d’été 2022

Géographie

De la cartographie pour ne pas oublier

Un texte de Rose Avoine-Dalton 

Les Innus ont donné aux lieux des noms qui contiennent souvent des informations détaillées sur la terre, les eaux, les animaux, les plantes et les gens d’une région. Cependant, le colonialisme a provoqué le déclin des connaissances de ces noms traditionnels par les nouvelles générations. Quand Patshishetshuanau a été renommée Churchill Falls, la signification de son appellation innue, «Là où le courant fait des nuages de vapeur», n’a pas suivie…

Crédit : Mamu Tshishkutamashutau Innu Education

«C’est vraiment important de préserver les noms de lieux parce que beaucoup de nos aînés sont décédés et beaucoup d’entre eux savaient où se trouvent nos territoires de chasse ou les portages. C’est si important d’interviewer les aînés pour pouvoir documenter ces informations et les partager avec nos enfants pour qu’elles ne soient pas perdues, car lorsque les aînés décèdent, ils emportent ces connaissances avec eux, et nous n’avons plus personne à qui demander», explique la directrice générale de Mamu Tshishkutamashutau Innu Education (MTIE), Kanani Davis. 

Pour enseigner aux écoliers innus cette partie de leur culture, cette commission scolaire a passé trois ans à créer une carte détaillée du Nitassinan. Pour rassembler les informations nécessaires, les chercheures Chelsee Arbour et Jolene Ashini on eu recours à la base de données de plus de 1200 noms recueillis par la Nation Innue depuis les années 1970, en plus de faire des entrevues avec des aînés.

Dévoilée en août 2021, la carte a été publiée sous forme d’affiche, de casse-tête, de large tapis. Elle est accompagnée d’un guide pédagogique de plus de cinquante pages. 

À l’emploi de MTIE depuis plus de vingt ans, Kanani Davis parle de ce projet avec fierté et enthousiasme, mais elle souligne également les défis qu’il reste à surmonter en matière d’éducation innue. «Le projet n’est pas fini même si la carte est terminée et que nous avons un guide pour l’utiliser avec les élèves. Je pense qu’il y a encore beaucoup de travail à faire en ce qui concerne le programme d’études innu et ce projet n’est qu’une petite partie de notre travail.» 


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