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Le club des ex du Gaboteur fait ses courses autrement

Vos habitudes alimentaires ont-elles changé avec la pandémie? Le Gaboteur a posé la question à quatre «ex» du journal. Trois ont quitté la province et une y habite encore. Résultat? Elles mangent sensiblement la même chose qu’avant mais elles s’approvisionnent autrement.

Texte et Photos: Jacinthe Tremblay

Les membres de notre Club des ex, Karine Bernard, Marilynn Guay Racicot, Flora Salvo et Julie Raymond faisaient leurs courses régulièrement, en personne, dans des épiceries ou dans les marchés publics. Avec la COVID, trois d’entre elles ont acheté en ligne pour la première fois.  

En ligne  

Avant la pandémie, Karine Bernard allait au Marché Maisonneuve à Montréal, qui réunit plusieurs producteurs d’aliments frais, presque tous les jours, pour acheter un ou deux aliments à la fois. «La pandémie a complètement chamboulé cette habitude. J’ai commencé à y aller moins souvent, puis à cesser d’y aller, à cause des règles d’hygiène que je trouvais moins strictes (on ne portait pas encore le masque) et parce que je m’étais dit que mieux valait faire quelques réserves et éviter d’aller me pointer là tous les jours. J’ai donc commencé à aller à l’épicerie Métro pour acheter tout ce dont j’avais besoin d’un coup. J’ai fait ça deux-trois fois. Puis, je me suis abonnée aux paniers bio de fermiers du coin et aux paniers des fermes Lufa, que je commande en ligne.»  

Café, confitures, viandes, chocolats, bières… Sous ses airs de dépanneur, Urban Market 1919 rassemble des produits alimentaires et artisanaux locaux de qualité…à des prix pas forcément donnés.

Flora Salvo a elle aussi commencé à faire des courses en ligne avec la pandémie, «pendant les périodes de confinement et aussi, parfois, pour gagner du temps», dit-elle. Marilynn Guay Racicot a également utilisé cette option pour la première fois avec la pandémie. Dans son cas, comme pour Karine Bernard, c’est surtout pour s’approvisionner en produits de proximité (région ou province de Québec), comme de la viande, du poisson et d’autres aliments (produits laitiers, tofu, œufs, légumes, etc.). «Au supermarché Métro de ma petite localité de l’Estrie, je ne trouve pas autant de ces aliments que je réussissais à dénicher lorsque j’habitais à Montréal, où l’offre est plurielle. Je comble les lacunes du supermarché par cette option très simple. Suffit de commander en quelques clics, et je remplis mon frigo d’aliments provenant de près de chez moi!», explique-t-elle. 

Le passage à l’achat en ligne de Karine Bernard est également motivé par son souci d’acheter local. «En étant abonnée aux paniers bio, je mange plus d’aliments qui poussent ici au Québec (de nos fermes dans les environs) et qui sont cultivés de manière durable», souligne-t-elle. Si Julie Raymond, pour sa part, n’a pas opté pour les commandes en ligne avec la pandémie, elle a fait de l’achat d’aliments de qualité produits à Terre-Neuve-et-Labrador sa mission. «Je suis de plus en plus folle bio et local!», confie-t-elle. 

Local, le plus possible

L’approvisionnement local de Julie Raymond vient de plusieurs sources, dont son propre jardin, ses cueillettes de baies sauvages et ses expéditions de pêche à la morue. Elle achète ses œufs frais dans son village de Trinity Est et elle a déniché dans la région de Lethbrige, pas très loin de là, des producteurs de légumes, de poulet, de miel et de sel. «J’ai aussi dans mon congélateur des réserves pour l’année de crabe et de homard pêchés près de chez moi», précise-t-elle. 

Quand elle doit aller dans un marché d’alimentation, malgré tout, elle va tout près de chez elle, à Port Rexton ou à Clarenville, à une heure de route de sa maison – deux en faisant l’aller-retour. «Il arrive souvent que je ne trouve pas tout au Freshmart de Port Rexton et que les prix soient plus élevés qu’au Sobey’s de Clarenville, mais ce magasin me sauve la vie, surtout en hiver», fait-elle remarquer.  

Mais quand la Québécoise se rend à St. John’s, comme c’est le cas ces jours-ci pour son travail sur des tournages, elle fait de Urban Market 1919 son point de chute. Ce commerce, qui a ouvert ses portes sur la rue LeMarchant en novembre 2020 – en pleine pandémie – se spécialise dans la vente d’aliments 100% terre-neuviens et labradoriens. Ses tablettes sont remplies de denrées fournies par plus d’une centaine de producteurs de la province. «Ça coûte plus cher, mais je n’ai pas de problème à payer pour la qualité quand je travaille et que j’ai un revenu assuré», résume-t-elle.  

Depuis son déménagement à Dartmouth, Flora Salvo constate pour sa part qu’il est plus facile de trouver des denrées locales qu’à Terre-Neuve. «On trouve ici une plus grande diversité, plus de fraîcheur et des prix plus bas pour plusieurs aliments produits en Nouvelle-Écosse, comme les pommes, les tomates, les poivrons verts et les herbes fraîches», se réjouit-elle. 

Cette «ex» souligne de plus un changement notable de ses comportements d’achat depuis son arrivée en Nouvelle-Écosse: elle va beaucoup moins chez Costco, qu’elle réserve pour ses besoins de gros volumes, comme les collations pour ses petites, la litière des chats, le café et les tomates en conserve. Autrement, elle a adopté un Superstore près de chez elle et elle fait le plein de légumes au marché fermier en été. 

Sans passer des heures à scruter les circulaires, elle surveille quand même les rabais et compare le prix d’un même produit selon le commerce. «À partir d’un certain âge, les couches sont moins chères chez Walmart – ce qui n’est pas vrai pour toutes les tailles», précise-t-elle. Pendant le récent «Vendredi noir»,  elle a déniché des caisses d’orange à 5$ au Superstore. «J’en ai pris trois. Les mêmes étaient à 12$ chez Costo», donne-t-elle aussi en exemple. 

Découvertes 

Pour Karine Bernard, le passage à l’achat de paniers fermiers bios et d’abonnement aux produits des fermes Lufa a entraîné quelques changements d’alimentation (plus et de nouvelles variétés de légumes)  ainsi que quelques découvertes. «J’utilise maintenant de l’avoine entière à la manière du riz et je ne peux plus me passer de la marjolaine. À travers les fermes Lufa, j’ai aussi essayé de nouveaux poissons qui sont pêchés plus localement et de manière durable. Je bois aussi du «lait végétal» d’avoine fait maison à Montréal et dont les contenants en verre sont réutilisés par l’entreprise», donne-t-elle en exemple. 

Tout en se nourrissant principalement des produits commandés en ligne, elle a maintenant repris l’habitude d’aller régulièrement au Marché Maisonneuve pour acheter son lait et quelques petits trucs. Elle se fait aussi un devoir d’encourager des petits commerces de son quartier pour compléter ses besoins. «À part une fois ou deux, je ne suis jamais retournée à l’épicerie, sauf pour remplir la liste du Gaboteur…», conclut-elle. 

Le club des «ex» 

Karine Bernard a conçu et coordonné depuis St. John’s le premier grand dossier «Notre panier d’épicerie» du Gaboteur, en février 2015. Elle vit maintenant dans le quartier montréalais d’Hochelaga-Maisonneuve, au Québec.
Julie Raymond, à l’époque et encore aujourd’hui citoyenne de Trinity East, dans la péninsule terre-neuvienne de Bonavista, en avait réalisé le design graphique. Ces jours-ci, elle est l’acheteuse de tous les éléments de décor de la série télévisée Rex, tournée dans la région de St. John’s.
Marilynn Guay Racicot a conçu et coordonné le deuxième dossier «Notre panier d’épicerie» paru en mai 2019 alors qu’elle était journaliste au Gaboteur, à St. John’s. Elle habite aujourd’hui à Waterloo, au Québec.
Flora Salvo était membre du conseil d’administration du Gaboteur il y a deux ans et elle vivait dans la capitale de la province avec son conjoint et leurs deux petites filles. Elle a déménagé à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, en 2020, en pleine pandémie.

Cet article fait partie de notre dossier:

Parlons bouffe… et faim 

La rupture de plusieurs tronçons de routes dans la région de Port-aux-Basques a rappelé la fragilité de l’approvisionnement en denrées de l’île de Terre-Neuve quand les éléments se déchaînent sur elle. Mais le retour à la «normale» des arrivages par traversier se déroule dans le contexte d’une autre et nouvelle «normalité», celle de la hausse en flèche du prix des aliments. En cette dernière édition du Gaboteur avant les Fêtes, parlons bouffe… et parlons faim.

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