Liz Fagan
Les œuvres de Mique Michelle, l’une des principales gardiennes de cette forme d’art au Canada, sont facilement reconnaissables grâce à ses images puissantes et son style intemporel. Elle a même récemment laissé son empreinte sur les murs de l’École des Grands-Vents.
Amplifier la voix à travers de l’art
Le graffiti, reconnu comme une forme d’art qui ajoute de la couleur à des espaces publics plus monotones, montre aussi les différentes couleurs de la société d’une façon artistique et originale. Une forme d’art qui remonte à l’Antiquité, où même les Grecs et les Romains gravaient des noms et des poèmes de protestation sur des murs, le graffiti en 2022 perpétue cette tradition d’expression publique qui amplifie des voix autrement trop souvent inaudibles.
«Les formes d’art comme le graffiti sont vraiment une façon pour les minorités visibles et invisibles de pouvoir propager leurs messages, puis faire un rappel aux gens aussi de leur réalité», explique la franco-ontarienne.
La naissance contemporaine du graffiti dans les années 1960 a été déclenchée par les expériences de racisme des communautés minoritaires de New York. Souvent incompris et considéré comme du vandalisme, cette forme d’art est souvent victime de préjugés, à l’image de ses communautés fondatrices. «Nous avons l’idée dans nos têtes que le graffiti est illégal mais c’est normal, beaucoup de gens ont ces préjugés», explique-t-elle.
Pour Mique, il est essentiel de s’éduquer sur le graffiti afin que son message ne soit pas perdu; raison pour laquelle elle anime des ateliers et travaille avec des publics de tous les âges.
Artiste de graffiti depuis dix ans, Mique s’enflamme lorsqu’elle parle des messages et des thèmes qui habitent son art, tels que l’anti-racisme et la lutte contre les discriminations «Il fallait que les choses changent», dit-elle.
«Se responsabiliser»
Dans un milieu artistique, les éléments provenant des cultures des populations minoritaires visibles et invisibles ne sont souvent pas protégés. En plus de la stigmatisation qui entoure la pratique du graffitisme, des expériences telles que le fait d’être victime de racisme ou d’appropriation culturelle, souvent ignorées par ceux et celles qui ne les ont jamais vécues, font en sorte que les messages artistiques ainsi que ce à quoi ils se référent passent inaperçus.
C’est là un des moteurs de l’activisme artistique de Mique. Elle promeut la sensibilisation quant à cette forme d’injustice qui se résume à prendre, que ce soit de manière consciente ou inconsciente, quelque chose à quelqu’un d’autre sans conséquence.
«C’est génial de pouvoir en parler avec les élèves et les enseignants, qui sont tellement accueillants, et d’avoir ces conversations dès le début. Il faut s’assurer qu’on ne commence pas ce cycle de discrimination». Ajoute-t-elle: «il y a une façon d’apprécier sans parler [à la place de quelqu’un]».
Le choix du graffiti comme moyen d’expression vise à l’inclusion selon beaucoup de ses artistes. «C’est essentiel pour que les gens puissent se reconnaître dans les arts sur les murs dans les milieux sociaux», dit Mique. Les images représentatives de la lutte pour l’acceptation sociale dans les années 1960 découlent de ce mouvement artistique. L’art urbain sert à fournir un environnement de création pour tout artiste, peu importe leur formation artistique. Il promeut l’expression de l’individu en leur offrant un safe space («espace sécurisé»).
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«J’aimerais que ça continue. Ce n’est pas parce que je suis partie qu’il faut que ça s’arrête», lance-t-elle. En laissant une trace de son message sur la murale de l’École des Grands-Vents, c’est sûr que la discussion sur le futur de l’art urbain au sein des communautés minoritaires ne cessera pas.
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