Texte et photos - Cody Broderick
Après un festival virtuel organisé en 2020 et une version hybride en 2021, la 46e édition du NL Folk Festival était de retour au parc Bannerman au début du mois de juillet pour sa programmation régulière.
Parmi les cordes, les accordéons et les tambours, les vents de la capitale ont apporté avec eux des paroles et des musiques francophones – d’ici, du Québec, des provinces maritimes et d’ailleurs.
L’Espace Franco sous les nouveaux toits
Si la NL Folk Arts Society a pu organiser le festival dans le parc cette année encore, pour la 15e édition de l’Espace Franco, le Réseau Culturel Francophone (RCF) a dû partager ses espaces avec d’autres partenaires du festival, comme le SARfest et First Light.
Agnès Mamet, coordinatrice du RCF, espère qu’une tente exclusivement francophone reviendra l’année prochaine, mais elle est quand même reconnaissante de la visibilité qu’ont reçue ses artistes sur les autres scènes du festival: «C’est quand même positif parce que Adrian [House] joue sur la scène principale», cite-t-elle en exemple.
Même sans tente spécifiquement dédiée à la musique francophone cette année, cela n’a pas empêché les artistes d’expression française de faire danser les gens partout dans le parc!
En plus d’Adrian House le 10 juillet, Juliette Mini de l’École Rocher-du-Nord s’est également retrouvée sur la scène principale lors de la soirée d’ouverture du festival du 8 juillet avec une version bilingue de l’Hymne de Terre-Neuve avant que le parc entier ne commence à danser sur les airs des Kubasonics en fin de la soirée.
Un samedi de croisement des cultures
L’organisation autochtone First Light a également fait venir un musicien d’expression française dans la capitale à l’occasion du festival. Shauit, un musicien innu de Maliotenam (dans le Nord-Est du Québec), a pris le relais à 11h pour faire découvrir aux spectateurs de la musique inspirée de ses racines innues. Shauit explique que son nom de scène vient de son nom français, Jean-Baptiste, une pratique souvent utilisée par les membres de sa communauté. L’artiste a également joué sur la scène principale le même soir.
Avec une programmation régulière d’artistes d’expression française proposé par le RCF, de nombreux autres partenariats et musiciens aux racines francophones ont également fait vibrer le parc en français.
Le SARfest a accueilli le premier artiste dans la tente des partenaires samedi matin, où à 10 heures, le musicien sénégalais Sadio Sissokho a attiré les festivaliers matinaux avec des douces mélodies de sa kora – instrument à cordes traditionnel en Ouest de l’Afrique – et des chansons en français.
À midi, le RCF a pris en charge la tente avec Juliette Mini, qui a offert une prestation de musique traditionnelle terre-neuvienne qui lui a été transmise de génération en génération. L’Espace Franco a également accueilli Jenna Maloney et Axel Belgarde, deux étudiants à MUN. À noter qu’Axel lancera un nouvel album dans les prochains mois. Grâce à leur répertoire composé de chansons comme «Mon drapeau acadjonne vens d’Taiwan» et une version cajunne de «Rattlin’ Bog», la Terre-Neuvienne bilingue et le Québécois ont offert au public une brève traversée de l’histoire de la musique francophone de l’Amérique du Nord.
Au même moment, la foule de spectateurs s’étiraient de l’ombre rafraîchissante de la tente NL Folk Traditions au soleil brûlant du jardin à bière, tous rassemblés pour un peu de «magie multilingue». Brian Cherwick, membre de Kubasonics et parent du Conseil scolaire francophone provincial, s’est notamment joint à Chelsey June et Jaaji du groupe Twin Flames d’Ottawa et à l’artiste portugaise Nico Paulo. Avec une multitude de cultures sous une même tente, y compris des racines ukrainiennes, portugaises, inuk, métis, mohawk et canadiennes-françaises, le groupe de musiciens a chanté et discuté de divers sujets, en plusieurs langues, de la guerre en Ukraine jusqu’à la guérison autochtone.
Les Voyageurs, un groupe de Saint-Pierre-et-Miquelon, ont peu après clôturé le festival pour l’après-midi sur la scène principale du parc. Composé de 13 membres, le groupe a fait voyager les spectateurs du Rocher au Caillou, et encore plus loin avec leurs airs d’inspiration internationale!
Musique du dimanche sous le soleil
Le duo Fage & Poirier, composé de l’australo-canadienne Kiersten Fage et l’acadien Bryan Poirier, a inauguré les activités de la tente NL Folk Traditions le dimanche matin avec une session de musique trad en compagnie de Miscellany Of Folk (Billy Sutton, Eddie Costello et Benny McCarthy) et le duo Michelle Brophy et Rob Brown. Les performances ont valu aux groupes une ovation debout à la fin de la session – une bonne manière d’entamer la dernière journée du festival!
Après avoir terminé sa prestation sous la tente Neil Murray pour les jeunes, Maia McKeown est arrivée à la tente des partenaires avec le RCF pour «rosifier» l’Espace Franco avec son répertoire incluant une reprise de «Vive la rose» d’Emile Benoit en ce 30e anniversaire de sa mort et la chanson ainsi que «La vie en rose» d’Édith Piaf. Soup du Jour a suivi, préparant le public pour le dîner avec sa musique entraînante et ses chansons nouvellement écrites. Composé de Sabrina Roberts et Chris Driedzic, le duo a tenu le public en haleine en jonglant entre le français et l’anglais dans les mêmes chansons!
Le rayonnement de la musique en langue française ne s’est pas fait avare sur la scène principale dimanche. Dès l’ouverture à 13h, l’Espace Franco a envahi la scène pour une session de chansons francophones. Adrian House, qui est actuellement finaliste du concours la Chanson Étoile du Gala de la chanson de Caraquet, a ensorcelé le public avec le rythme enjoué de ses chansons composées en français et d’autres chansons traditionnelles franco-terreneuviennes de la péninsule de Port-au-Port. En bas de la scène, un spectateur enthousiaste a même fait flotter fièrement le drapeau provincial francophone à travers le champ.
Sur la même scène, alors que le soleil se couchait, Cécile Doo-Kingue a fait remonter la température de la capitale en faisant danser les spectateurs sur des chansons en français et en anglais.
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