David Beauchamp
Littérature en français – lauréat sénior
Démasquage d’un des lauréats: JEFF FORAN
Jeff Foran est le gagnant de la catégorie littérature française senior pour son poème intitulé «Une ode à mon masque».
Pour l’enseignant de français, il faut participer à des concours comme les Arts and Letters Awards pour faire progresser la langue de Molière dans la province.
«J’essaie d’encourager mes élèves à écrire quelque chose et à participer pour qu’ils voient eux-mêmes qu’il y a de la francophonie dans la province et qu’il y a des gens qui contribuent à la francophonie», souligne-t-il. «J’aimerais voir un de mes jeunes gagner dans une catégorie francophone un jour, ça me rendrait très fier», dit aussi l’enseignant de français.
Le texte est à propos de son masque fabriqué à la main par sa conjointe. Sur son masque se trouve un dragon qui crache du feu, ce qui anime son entourage lorsqu’il le porte. «Quand je porte mon masque, les jeunes à l’école sont excités. C’est cool de voir que le masque évoque des émotions positives pour les élèves». L’enseignant ajoute aussi le sentiment de fierté qu’il éprouve en portant son masque parce qu’il fait alors la promotion de l’artisanat. Ces deux aspects ont poussé Jeff Foran à écrire un poème sur le sujet.
UNE ODE À MON MASQUE
Mon masque est un dragon.
Il me faut un feu féroce,
Orange, cramoisi, et jaune-d’or,
D’un dragon pervenche.
Comme une armure aurique,
Un bouclier fort aubergine,
Qui me protège.
Une force mystique,
Qui me dépouillerait sans son défence.
Mon dragon me prend sous son aile,
Me réconforte, me soulage, me remonte. Mon masque me manque.
Mes mots mêlés,
mélangés, mixtionnés et mariés,
Murmurés, marmonnés,
Derrière une barrière fragile et précaire.
Mon masque me manque.
Mes mots mêlés,
mélangés, mixtionnés et mariés,
Murmurés, marmonnés,
Derrière une barrière fragile et précaire.
Mon masque est un papier inférieur,
Bleu-claire et médiocre,
Fugace comme le masque d’halloween de mon enfance,
L’élastique qui brise avant même qu’on sorte.
Fragile.
Je respire si soigneusement.
Comment il me menace de mon air.
À la voix très basse, mon mantra répète,
mon masque me manque.
MALENTENDU
Quand je parle dans mon masque,
Mes mots sont étouffés,
Et les gens ne me comprennent pas.
Je dis que oui,
C’est à côté de…
Mais on me répète,
Say a potato?
Littérature en français – lauréat junior
Inspiration saisonnière, talent toute l’année: NYAMAE ALLOWAY
Nyamae Alloway-Pike l’a emporté dans la catégorie littérature française junior pour son texte intitulé «C’est L’automne». Nyamae est en 11e année et fait partie du programme de baccalauréat international (International Baccalaureate) de l’École secondaire Holy Heart à St. John’s. Elle étudie le français depuis qu’elle est en deuxième année.
Le texte de Nyamae Alloway est à propos de l’automne, saison qu’elle a toujours appréciée. «J’ai choisi d’écrire sur l’automne, particulièrement à cause des feuilles de couleur enflammées qui m’ont toujours inspirée par leur beauté. De plus, j’ai toujours préféré l’automne car je supporte mal la chaleur», explique l’autrice.
C’EST L’AUTOMNE
Le feu scintille dans les arbres
Braises à la dérive
Arrosant la forêt de lumière dorée
Comme les feuilles tombent
Descendant lentement
Doucement
Gracieusement
Dansant
Le givre rampe sur le sol
Une vitre en verre dépoli
Brillant dans la lumière du soir
Sous les étoiles
Une brise volant
Un souffle glacial
Planant
En train de se disperser
Le feu scintille dans les arbres
Braises à la dérive
Arrosant la forêt de lumière dorée
Un soleil mûrissant,
Poussiéreux par l’âge,
Se déplaçant délibérément,
En attente de rajeunissement.
Des tours grises de fumée
S’élevant au-delà des nuages,
Tourbillonnant,
Soulevant,
Gambadant
S’élevant au-dessus des arbres flamboyants
Le feu scintille dans les arbres
Braises à la dérive
Arrosant la forêt de lumière dorée
C’est l’automne
Arts visuels – lauréate junior
De l’art malgache sur le Rocher: KANTO RATSIMANDRESY
L’étudiante malgache Kanto Ratsimandresy l’a emporté quant à elle dans la catégorie arts visuels junior pour son œuvre intitulée «Ankizy Mpihira Gasy» («Petit groupe de Madagascar» en français). Kanto a 15 ans et est en 10e année à l’École secondaire Holy Heart à St. John’s.
L’art l’a toujours intéressée: «Chaque été j’ai fait des camps d’art et j’ai toujours participé à la compétition d’arts et lettres à mon école primaire», chose qui ne pouvait plus se produire avec la pandémie. C’est sa professeure de mathématiques qui l’a encouragée à s’inscrire au Concours Arts and Letters de la province en raison de sa passion pour l’art.
Les origines culturelles de Kanto ont été déterminantes pour la réalisation de son œuvre visuelle. Ces dernières années, elle a commencé à valoriser davantage sa culture et voulait que son œuvre reflète cette valorisation. «[L’œuvre] est une photo que ma famille a prise à Madagascar, d’où viennent mes parents, et je l’ai dessinée en pastels. D’habitude j’utilise un crayon pour dessiner, alors cette pièce était très différente pour moi. [Elle] représente un nouveau pas en avant dans la recherche de moi-même, dans le sens où je l’ai dessiné avec un nouveau moyen d’art et pour [rendre] hommage à ma belle culture», explique la récipiendaire francophone. Elle termine son explication en parlant de l’importance de l’art pour elle: «Je trouve que l’art est une merveilleuse manière de m’exprimer et ça m’aide à déclencher et trouver mon identité.»
Musique – lauréat sénior
L’art d’improviser: DARREN BROWNE
Darren Browne l’a quant à lui emporté dans la catégorie musique senior pour son œuvre intitulée «La Avispa Alegre/The Tipsy Wasp». Browne est un musicien à temps plein: il joue dans plusieurs groupes tel que Kubasonics et il est musicien freelance pour d’autres groupes de manière plus spontanée. Il joue de la guitare mandoline, de la basse et sait jouer le bouzouki, la mandoline d’origine grecque et qui est l’instrument principal utilisé dans la musique traditionnelle de ce pays.
Le musicien explique comment son ami d’enfance a changé sa vie: «Je joue de la guitare depuis 35 ans. J’ai commencé à 13 ans quand mon ami d’enfance m’a donné sa guitare parce qu’il détestait l’instrument; il a changé ma vie. À partir de ce moment, j’ai commencé à gratter la guitare et à apprendre comment jouer».
Le musicien polyvalent nous révèle que son passage au Mexique étant plus jeune a influencé son style musical. «J’ai passé beaucoup de temps au Mexique et j’ai appris le style de musique de là-bas. Le comité des Arts and Letters m’a demandé quel style j’allais utiliser pour ma création et j’ai choisi le style «Mexicana»; tu peux presque entendre le Mexique dans ma composition», nous raconte un Darren Browne enthousiaste.
Armé de ce style, il a commencé à improviser et jouer de sa guitare avec une idée de base: «Je pensais à une guêpe ivre. Cette guêpe volait et est ensuite tombée dans un verre de vin. Elle s’est échappée un peu ivre et volait de manière maladroite. J’ai ensuite fait des sons avec ma guitare pour imiter l’insecte. Étant donné que la guêpe est ivre, j’ai laissé les erreurs de sons dans l’enregistrement pour que ça représente fidèlement le fait que la guêpe n’est pas à son 100%», dit Browne de manière amusée.
Pour écouter «La Avispa Alegre/The Tipsy Wasp»:
Musique – lauréat sénior
Braver le temps pour réussir: ADRIAN HOUSE
Adrian House a lui aussi remporté un prix dans la catégorie musique senior pour sa composition intitulée «Le parapluie d’Élise». Originaire de St. John’s, Adrian House est un auteur-compositeur-interprète gagnant en popularité grâce à ses nombreuses compositions qui l’ont aidé à remporter plusieurs prix musicaux et artistiques dans la province au cours des dernières années. Bien que sa langue maternelle soit l’anglais, il est doté d’un grand talent de créativité lorsqu’il compose en français, ce qui l’a motivé à se lancer dans la création d’un album entièrement dans la langue de Molière pour cette année
L’idée de l’œuvre est née à l’occasion d’un atelier d’écriture qu’Adrian House a suivi il y a un an avec le chansonnier Frédéric Baron, qui s’était déplacé à St. John’s pour l’occasion. «Le but de l’exercice était de nous donner un seul mot à partir duquel il nous fallait faire une constellation sur papier. Il m’a imposé le mot “parapluie”, et j’ai développé par la suite une histoire», nous explique le musicien sur l’exercice de création qui l’a inspiré. Cet exercice l’a beaucoup aidé et marqué et il donne aujourd’hui des ateliers d’écriture en français avec des jeunes du secondaire et des aînés.
Adrian House nous raconte ensuite ce que veut dire le parapluie dans sa composition: «C’est l’histoire d’une fille qui est dissociée de la vie où son parapluie caractérise sa carapace qui l’empêche de participer à fond dans le moment présent. Éventuellement elle réalise que c’est plate la vie comme ça et elle doit décider d’abandonner son parapluie et être vulnérable et tisser des liens avec les autres personnes ou garder sa carapace.
Adrian House termine en appelant les lecteurs et lectrices à se déplacer cet été pour un spectacle: «On organise un concert le 25 juin prochain au centre-ville de St. John’s avec Maude-Julia Blanchet, Colleen Power et Frédéric Blouin et son hommage Jacques Brel. La salle est magnifique et ça va être excitant!»
Pour écouter «Le parapluie d’Élise»:
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