Catherine Crépeau
AGENCE SCIENCE-PRESSE
Il faut d’abord se rappeler qu’indépendamment de ce qu’on mange, dès la naissance, nos os gagnent quelques centimètres par année, à un rythme qui varie selon l’âge. Et à la fin de la puberté, la partie des os longs (fémur, radius…) constituée de cartilage de croissance va se calcifier et se souder: nous cessons de grandir — là encore, peu importe notre alimentation ou notre mode vie. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale, en France, estime que la période de croissance s’arrête vers l’âge de 14-16 ans chez les filles, et de 16-17 ans chez les garçons.
Il faut aussi se rappeler que le bagage génétique joue un rôle prépondérant dans la croissance. Selon certaines recherches, la génétique contribue à au moins 80% de la taille qu’atteint une personne, voire 90%.
Mais d’autres facteurs comme le sommeil, l’exercice et les maladies, sont également importants. Ainsi que, bien sûr, la nutrition. Une alimentation équilibrée est le facteur qui affecte le plus la taille, selon une étude de 2016 comparant des jumeaux de 20 pays; elle jouerait un rôle essentiel dans la croissance et le développement pendant l’enfance, selon une étude sud-coréenne de 2018.
À l’inverse, on constate que la malnutrition a des effets dévastateurs sur la croissance de l’enfant et sur sa taille à l’âge adulte. La Société canadienne de pédiatrie précise, dans un avis publié en 2020, qu’un apport calorique insuffisant chez un enfant qui, autrement, était en santé, constitue la principale cause de retard de croissance.
Certaines vitamines et certains minéraux contribuent particulièrement à la croissance. C’est le cas du calcium, de la vitamine D, du magnésium et du zinc qu’on trouve dans une alimentation équilibrée constituée de fruits, de légumes, de produits laitiers, de céréales de grains entiers, etc.
Mais qu’en est-il de la soupe dans tout cela? Ce sont plutôt ses ingrédients qu’il faut examiner. Si elle ne contient que des légumes, elle ne sera pas suffisante pour assurer la croissance de l’enfant, selon les diététiciens du Centre de recherche et d’information nutritionnelles, en France, qui ont eux aussi répondu à cette question sur la soupe qui ferait grandir. Autrement dit, la logique d’une alimentation équilibrée dotée d’un apport en calories suffisant s’applique ici aussi, et non le fait de servir ces calories sous forme d’une soupe ou d’aliments «solides».
L’avantage est peut-être ailleurs: plusieurs parents auront constaté que les enfants mangent plus facilement des légumes lorsque ceux-ci se trouvent dans la soupe plutôt que dans l’assiette… En fait, des psychologues américains avaient même conclu en 2006 que les enfants mangent davantage lorsqu’ils ne sont pas obligés de le faire…
VERDICT
La soupe fait partie d’une alimentation équilibrée, lorsque constituée d’ingrédients nutritifs, mais elle ne suffit certainement pas à faire grandir les enfants. La génétique joue pour cela un rôle beaucoup plus important.
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