J’ai décidé de contacter Le Gaboteur au début du mois d’octobre et de raconter l’histoire de ma fille Layal pour pouvoir exprimer ma reconnaissance envers la garderie Les p’tits cerfs-volants et leurs services.
Arrivée avec mon mari en septembre 2018 depuis la Libye, on s’installe à St. John’s et notre fille Layal, âgée de deux ans, est scolarisée aux p’tits cerfs-volants. C’était la première fois qu’elle allait dans une garderie dans sa vie, ce n’était pas facile, mais elle avait besoin d’aller quelque part, car ici c’était trop nouveau pour elle, elle n’avait que moi et son papa.
À la maison, nous parlons arabe, notre langue maternelle. C’est donc dans sa garderie que Layal apprend le français, et même l’anglais, à travers la socialisation et le jeu avec les autres enfants.
Elle était à la garderie, elle était très contente, elle a appris le français, ça s’est très bien passé jusqu’au moment où j’ai dû commencer à travailler. Je travaillais loin de St. John’s, à plus d’une heure de route.
Au début, je faisais des allers-retours entre St. John’s et mon travail, puis ma famille a fini par déménager pour être plus proche de mon travail. Nous avons gardé notre pied à terre dans la capitale pour que Layal puisse aller dans sa garderie francophone pendant la semaine. Le reste du temps, elle allait dans une garderie anglophone dans sa nouvelle ville.
Un événement marquant
Si je souhaite souligner notre reconnaissance envers les membres du personnel de la garderie à travers les pages du Gaboteur, c’est que nous n’oublierons jamais ce qui s’est passé en septembre 2020.
Un jour, c’était un vendredi, Layal est revenue à la maison de sa garderie anglophone, je ne savais pas ce qui s’était passé, mais elle ne voulait ni manger ni boire. En la questionnant, nous apprenons qu’elle s’était étouffée plus tôt dans la journée en buvant, un événement qui a dû la choquer et lui faire peur. En tant que médecins inquiets et parents, nous essayons plusieurs stratégies pour la faire manger et boire, rien n’y fait. Elle ne mange et boit que très peu et pas assez… Nous savons que cette situation est assez courante avec les enfants de son âge et nous savons que l’obliger à manger et boire ne ferait qu’aggraver la situation.
Après un jour et demi d’essais infructueux, lundi à cinq heures du matin, nous amenons notre petite au Janeway, l’hôpital pour enfants, afin de chercher de l’aide. Layal refuse de manger quoi que ce soit.
Très déshydratée et hypoglycémique, les médecins la perfusent et nous recommandent de commencer des sessions avec une équipe de spécialistes dans ce domaine afin de résoudre ce blocage. Mais avoir un rendez-vous avec des professionnels prend du temps. Moi et mon mari, on était très émus, on ne savait plus quoi faire….
Lundi matin, je décide d’appeler Clarisse, la directrice de la garderie Les p’tits cerfs-volants, pour lui expliquer la situation. Elle me dit: «Fais-la venir aujourd’hui, qu’elle vienne.» Inquiets, nous attendons dans l’auto pendant que Layal est dans la garderie. Trente minutes plus tard, Clarisse nous envoie des vidéos: Layal boit un grand verre d’eau dans le cadre d’un jeu, entourée de ses amis. Puis une autre vidéo où on la voit manger du pain avec l’éducatrice Sabrina. Quand on est allée la chercher, elle avait mangé, et elle était contente et fière de montrer qu’elle mangeait. Après cette journée entourée de ses amis et de ses éducatrices, «sa famille», Layal est libérée de son blocage et se remet à manger normalement.
Les vidéos nous ont donné la larme à l’œil, à mon mari et moi, parce que l’équipe de la garderie a fait quelque chose d’important. Je suis très émue quand je m’en rappelle, parce que nous, on se préparait à plusieurs rencontres avec des professionnels, et à devoir retourner à l’hôpital pour hydrater Layal par perfusion, etc…
Un an plus tard, à travers cette lettre, je me rappelle cette journée avec émotion et souhaite remercier l’équipe de la garderie, en particulier Clarisse Kouadio, la directrice de la garderie, et Sabrina Benmars, l’éducatrice de «la grande salle» qui s’est beaucoup occupée de ma fille.
Ce qui est arrivé, c’est quelque chose que je ne vais jamais oublier. Je veux que la province reconnaisse qu’il y a une garderie francophone qui donne des ser- vices de haute qualité ici.
Le but de cette lettre de remerciement est aussi de sensibiliser les parents ainsi que les éducateurs en petite enfance à ce problème qui est arrivé à notre fille. Les enfants ont besoin d’être rassurés et de se sentir en protection dans un milieu sécurisé. Ceci était très bien appliqué dans sa garderie. Nous n’étions jamais inquiets quand Layal était parmi les membres de sa deuxième famille.
Aujourd’hui, nous sommes de nouveau installés à St. John’s avec une nouvelle venue dans la famille, Mariam, une petite fille de 8 mois. Layal a commencé en douceur son année de maternelle à l’école des Grands-Vents. La transition fut superbe. Je veux vraiment remercier l’équipe de la garderie, il n’y a pas assez de mots pour cela.
Manal Badi
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