« Petit Gaboteur » est une série de contes éducatifs imaginés par l’auteure Marie-José Mahé pour les jeunes lecteurs du Gaboteur. À l’occasion de la fête de la Saint-Patrick, nous publions cette histoire qui fait la lumière d’une tradition irlandaise plutôt méconnue à Terre-Neuve-et-Labrador.
Beaucoup de personnes qui habitent à Terre-Neuve et au Labrador ont des racines irlandaises. Avoir des racines, cela veut dire qu’un parent, un grand-parent ou arrière-grand-parent, ou plusieurs grands-parents sont nés en Irlande.
L’Irlande est le pays qui est le plus près de chez nous si on prend le bateau. La terre d’Irlande est la première terre que le bateau va rencontrer s’il quitte St. John’s pour voyager à travers l’océan Atlantique en allant vers l’est. L’Irlande fait partie du continent qui s’appelle l’Europe. Ici au Canada, notre continent s’appelle l’Amérique du Nord.
Clarisse, Michel et Nicolas sont en quatrième année d’immersion française et ils fréquentent une école de St. John’s où ils habitent depuis leur naissance.
C’est bientôt la fête de la Saint-Patrick et à Terre-Neuve, comme en Irlande, cela se fête. Cela se fête beaucoup d’ailleurs. On s’habille en vert, on décore en vert, on boit et on mange des choses vertes….. On chante des chansons qui viennent d’Irlande et on s’amuse beaucoup.
À l’école, les enfants font une fête aussi. Cette année, le professeur leur a demandé de trouver des choses intéressantes qui représentent l’Irlande. Ils vont faire une petite exposition dans leur classe. Ils vont fabriquer un petit village d’Irlande avec de la pâte à modeler pour les maisons, de la paille pour faire les toitures et de la mousse espagnole peinte en vert pour le gazon et les arbres.
Nicolas a bien hâte de commencer. Il adore faire de l’artisanat. Il aimerait être ingénieur plus tard et inventer toutes sortes de choses. Il fait donc sa recherche et découvre que les Irlandais qui vivent dans les campagnes habitent souvent dans des maisons typiques faites de terre séchée et recouvertes de chaux. La chaux est blanche et avec les toitures faites d’un genre de paille séchée mélangée à de la tourbe, ces maisons d’un seul étage avec leurs planchers de terre sont bien différentes des maisons d’ici. Elles sont très jolies avec les champs très verts de la campagne irlandaise, le tout forme un très beau paysage, bien agréable à regarder.
La bague Claddagh
Nicolas, donc, s’applique bien à préparer son petit paysage irlandais pour le projet de sa classe. Mais il se demande bien quoi d’autre apporter en classe. Le professeur a demandé quelque chose de différent. Il décide donc d’aller voir ses deux amis Michel et Clarisse.
Il va d’abord chez Clarisse. Elle ouvre la porte.
— Regarde Nicolas ce que maman m’a donné pour la Saint-Patrick!
Elle lui montre une belle bague avec un cœur, une couronne au-dessus du cœur et deux mains, une de chaque côté tenant le cœur.
— Oui, je vois que c’est une jolie bague mais qu’est-ce que cela a à voir avec la Saint-Patrick? Ce n’est pas vert!, dit Nicolas. Il nous faut des choses vertes mais aussi des choses qui font penser à l’Irlande comme des lutins, des arc-en-ciel, des pots d’or. Les légendes irlandaises sont pleines d’histoires de lutins magiques qui déposent des pots d’or au pied des arc-en-ciel…
— Ah mais cette bague est aussi très spéciale, explique Clarisse. C’est une bague traditionnelle d’Irlande. Maman m’a raconté son histoire. Les mères les donnent souvent à leur fille aînée. C’est une bague Claddagh qui apporte ce message : « Que l’amour et l’amitié règnent ! »
— Mais je ne vois pas ce que cela a à voir avec la Saint-Patrick…, réplique Nicolas.
— Eh bien je vais te l’expliquer, poursuit Clarisse. Au 17e siècle, dans le petit village de pêcheurs irlandais appelé Claddagh, près de Galway en Irlande, les gens faisaient ces bagues. Ils se sont servis de l’idée ancienne de l’Europe médiévale où une bague juste un peu différente servait comme bague de fiançailles et de mariage. Quelqu’un à Claddagh en a fait sa propre version qui est devenue la bague traditionnelle Claddagh. Tu ne dois pas acheter cette bague pour toi-même. C’est une bague d’amitié symbolisée par les deux mains, le cœur veut dire l’amour et la couronne indique la loyauté.
— Et cette bague sert autant comme bague d’amitié que comme bague d’amour, dit Michel, qui était aussi venu chez Clarisse pour travailler aussi à ce projet.
— Oui, dit Clarisse. Si tu la donnes à ton ami, il la porte sur la main droite avec la pointe du cœur dirigée vers le bout du doigt. Cela veut dire que tu n’as pas d’amoureux et que tu es libre.
— Et si tu la portes avec la pointe du cœur dirigée vers le poignet, cela veut dire que tu as un petit ami de coeur ou une petite amie de cœur…, dit Michel.
— Yuck! dit Nicolas.
Et ils se mettent tous à rire.
— Et si tu la portes sur la main gauche avec la pointe dirigée vers le bout du doigt, cela veut dire que tu es fiancé et que tu vas bientôt te marier…, dit Michel.
— Oh là là! dit Nicolas. Il n’est pas question que je porte cette bague sur la main gauche. Jamais de la vie!
En riant, Clarisse ajoute : « Et si tu la portes avec la pointe du cœur vers le poignet, cela veut dire que tu es marié… »
— Jamais de la vie!, s’écrient ensemble Michel et Nicolas.
Tous éclatent de rire et sont bien contents d’avoir cette bague et cette histoire à raconter en classe pour aller avec leur projet de la Saint-Patrick.
Un conte de Marie-José Mahé paru dans Le Gaboteur du 12 mars 2018. Illustrations : Marie-José Mahé
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