Leisha Toory
Lettre ouverte
J’ai appris une leçon particulière avec cette pandémie: des changements viendront et ils apporteront sans doute quelques défis. Bien que nous puissions nous sentir vulnérables et souhaiter que les choses redeviennent comme avant, il faut savoir encaisser les coups. «Résilience» est le maître-mot, la première année de la pandémie m’a poussée à prendre la décision d’adopter une attitude plus positive pour pouvoir m’investir pleinement dans ma vie sociale, mes activités scolaires et mes engagements de bénévolat…tout au long de l’année
Toutefois, essayer de tirer constamment le meilleur parti de cette période extraordinaire peut devenir difficile.
Cela fait deux ans que j’habite à St. John’s. J’ai choisi de ne pas visiter ma famille à l’île Maurice pour non seulement me protéger contre la COVID et ses variants, mais aussi pour éviter la transmission du virus à ma famille et d’autres personnes au cas où je serais moi-même porteuse du virus. Bien que je me sente reconnaissante et que je sois privilégiée de pouvoir rejoindre ma famille par appel vidéo, c’est malgré tout un peu triste de ne pas avoir pu fêter l’arrivée du nouvel an et rester éveillée jusqu’à minuit le soir du 31 décembre avec ma famille.
Mais contrairement à la Saint-Sylvestre de l’an dernier, ce réveillon-ci, j’ai décidé de faire quelque chose de simple mais spécial qui aura saupoudré de la gaieté pendant le réveillon pour que je puisse accueillir la nouvelle année avec de la positivité malgré cette pandémie. J’ai décidé de recréer le repas traditionnel que ma mère prépare chaque année pour la fête du «Makar Sankranti» à la maison. Cette fête hindoue est célébrée avec dévotion et ferveur à l’île Maurice où des prières sont consacrées au dieu Soleil Surya. Cette fête marque le début de l’année solaire.
En ce jour festif, après avoir adressé nos prières au Dieu du soleil, nous dégustons le plat traditionnel du «khichdi» qui est un repas très simple, composé de lentilles, de riz et d’épices, qui réchauffe mon âme. Ma mère personnalise ce plat avec un chutney de coco fait maison qui est une spécialité typiquement mauricienne et une étouffée de brèdes. Personnellement, ce petit plat me permet d’apprécier à quel point la culture nous permet de mieux vivre les situations difficiles de nos vies. Le «khichdi» dont je vous parle me nourrit, mais il me transporte surtout ailleurs et me permet de revivre ces moments précieux de ma jeunesse.
Le «khichdi» est certainement ma comfort food préféré alors que chaque cuillerée savourée me fait revivre les souvenirs d’enfance et des moments passés en famille. Et c’est avec cette joie nostalgique que j’accueille la nouvelle année. Parfois, tout ce dont l’âme a besoin pour se recharger est une portion de réconfort et d’émotion servis à même l’assiette! De plus, partager cette culture avec la communauté francophone d’ici équivaut à célébrer la beauté de la diversité de la francophonie. Sur ce, meilleurs vœux pour cette nouvelle année!
Leisha Toory est étudiante en sciences politiques et au programme de langue française pour les francophones (département des langues modernes, de littératures et cultures) à l’Université Memorial. Mauricienne qui a grandi à Dublin, en Irlande, Leisha Toory habite aujourd’hui à St. John’s.
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