David Beauchamp
IJL – Réseau.Presse – Le Gaboteur
Pour l’activiste et organisateur communautaire Mark Nichols, la création de l’organisme fait suite à un besoin pressant à Terre-Neuve-et-Labrador de mieux protéger les travailleurs et travailleuses. Alors que d’autres provinces canadiennes comptent des associations d’ouvriers et ouvrières depuis au moins une vingtaine d’années, Workers Action Network NL a été mis sur pied en février dernier pour combler le vide dans la représentation de la force de travail dans la province.
«Collectivement, on a plus de poids»
La volonté initiale de l’organisme était de coordonner un réseau de travailleurs et de travailleuses à bas revenus ou en situation de précarité et de lutter pour qu’ils et elles obtiennent un travail décent. Il importait de s’organiser collectivement afin de mettre sur pied un meilleur rapport de force entre employé et employeur.
«Ce que nous voulons faire est créer un espace où les travailleurs et travailleuses peuvent se réunir pour discuter des questions concernant leurs conditions de travail et explorer des manières de se mobiliser et revendiquer leurs droits», explique Nichols au sujet de l’organisation.
Il ajoute que traditionnellement, les gens tendent à associer le mouvement ouvrier aux syndicats. Pour l’organisme cependant, le mouvement ouvrier transcende la simple question de la syndicalisation. Chaque travailleur ou travailleuse devrait obtenir le salaire et le soutien auquel il a droit, peu importe le degré de protection et d’assurance que son employeur lui offre, qu’il soit syndiqué ou non.
Les horaires au-delà du salaire
En plus de considérer l’augmentation du salaire minimum mentionnée plus haut comme une mesure nettement insuffisante, Nichols souligne que la question des horaires de travail est un problème auquel il faut s’attarder.
Depuis sa création, l’organisme fait des demandes auprès du gouvernement afin d’implanter un cadre de travail officiel concernant les horaires. À cet effet, l’implantation de lois permettrait de donner une marge de manœuvre à plusieurs travailleurs et travailleuses pour qui il est difficile de planifier leurs dépenses. «[Ils] ne peuvent pas organiser leur vie à l’extérieur du travail, autant au niveau du paiement de leur loyer ou de leur épicerie que du temps accordé pour leurs loisirs», explique Nichols à propos des conséquences d’une telle absence de cadre législatif.
L’activiste suggère la création d’un code du travail qui obligerait les employeurs à offrir des horaires fixes à leur main-d’œuvre pour améliorer la qualité de vie des salariés. «Avec un horaire fixe, l’employé peut organiser sa vie hors du travail et éviter les mauvaises surprises financières ou devoir changer ses plans à la dernière minute», précise-t-il.
Décalage entre la loi et la réalité
En plus de la question des horaires, il y a la question des lois encadrant le travail dans la province, considérées désuètes par l’organisme. La Loi sur les normes du travail (Labour Standards Act) a été ratifiée en 1990 et malgré quelques amendements au fil du temps, Nichols souligne qu’elle n’est plus représentative du monde du travail aujourd’hui. Il cite en exemple les cas de Uber Eats ou de Skip the Dishes, services de livraison de nourriture en ligne qui n’existaient pas à l’époque où ces lois ont été écrites.
«Beaucoup de travailleurs étrangers travaillent pour Skip ou Uber et n’ont absolument aucune protection. Le gouvernement provincial ne les considère même pas comme des employés à part entière», affirme l’activiste au sujet des personnes issues de l’immigration œuvrant pour ces deux chaînes et qui, bien souvent, ne connaissent pas leurs droits individuels ni le code du travail.
L’organisateur communautaire propose que le gouvernement provincial modernise la loi pour la rendre plus représentative du monde du travail aujourd’hui. Cela implique d’y intégrer la livraison de nourriture et toutes autres nouvelles professions qui n’existaient pas en 1990 en plus d’ajouter le télétravail comme enjeu professionnel important. Qui plus est, Nichols incite les gouvernements provincial et fédéral à se pencher sur la question de l’immigration pour régulariser le statut des travailleuses et travailleurs étrangers afin de mieux prévenir les cas d’abus, voire d’exploitation.
«On punit beaucoup la pauvreté dans cette province […] Malgré tout, il y a un grand support populaire pour faire changer les choses et faire modifier les lois», affirme Nichols avec optimisme. L’organisme mène des campagnes permanentes pour les congés maladie payés et pour obtenir du travail décent pour chaque travailleur et travailleuse dans la province.
Pour en apprendre plus sur le Workers Action Network NL et les ressources que l’organisation offre, rendez-vous sur sa page Web: www.workersactionnl.ca
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