Magazine 2022 – T: Tournages – Dans les coulisses de tournages à TNL
Coline Tisserand
Il n’est pas difficile d’imaginer pourquoi la maison de Maria Goodridge et son mari Scott Moffatt, située dans le quartier de Georgetown au centre-ville de St. John’s, a attiré l’attention de plusieurs équipes de production télévisée et cinématographique à la recherche de lieux de tournage.
Parquet en bois, foyers d’époque victorienne, hauts plafonds, grandes pièces lumineuses… L’édifice à trois étages, qui a soufflé ses 100 bougies l’année dernière, ne manque en effet pas de cachet ni d’espace pour accueillir toute une équipe de tournage.
«Au cours des cinq dernières années, on a eu plusieurs personnes [du milieu du cinéma] intéressées par notre maison. Certaines d’entre elles ont distribué des prospectus dans notre boîte aux lettres, expliquant qu’ils filmaient dans notre quartier et que notre domicile pourrait être un endroit envisagé pour le tournage. […] Je dirais qu’au fil des ans, il est probablement arrivé quatre ou cinq fois qu’une personne vienne, fasse le tour de la maison, revienne parfois pour une deuxième visite…et qu’on n’en entende plus jamais parler», raconte Maria Goodridge.
De la maison centenaire au plateau de tournage
C’est finalement l’équipe de production canadienne Blue Ice Pictures qui a jeté son dévolu sur la maison d’architecture victorienne de ce couple de médecins pour tourner des scènes de leur série Astrid and Lilly Save the World. «Tout est allé très vite: ils ont fait trois ou quatre visites en août 2021, puis ils ont commencé à filmer en septembre ici», précise la Terre-Neuvienne.
Si la maison centenaire a vu passer de nombreux autres médecins avant l’installation de Mme Goodridge et de M. Moffatt il y a 25 ans – dont «des docteurs irlandais après sa construction en 1921» précise ce dernier –, c’est bel et bien la première fois qu’elle sert de décor pour une série de science-fiction.
«Avant le premier jour de tournage, l’équipe est arrivée pour faire tout l’installation. Ils arrivent, ils déplacent les meubles, ils en apportent de nouveaux… […] Ensuite, tu quittes ta maison pour deux ou trois jours et quand tu reviens, tout est redevenu comme avant! […]», raconte Mme Goodridge, fascinée par la transformation rapide de sa maison.
Ainsi, pendant que le couple vit à l’hôtel pour quelques jours, l’équipe de la série s’active pour tourner les scènes prévues, puis pour nettoyer et tout remettre minutieusement et exactement à sa place dans la demeure. «Pourtant, ils avaient changé et enlevé beaucoup de choses, comme le lit, les commodes… Ils ajoutent plein de petits détails, de nouvelles photos sur les murs par exemple, pour que le décor corresponde avec la personnalité du personnage», observe la propriétaire.
Un potentiel à développer
En plus de tourner dans divers lieux publics de la capitale comme à l’Université Mémorial, dans la Government House, ou sur les sentiers de la East Coast Trail, louer des maisons directement à des particuliers est chose courante dans le milieu du cinéma de la province.
Car contrairement à de grandes villes comme Toronto ou Montréal, l’industrie est encore en début de développement, et les ressources n’y sont pas encore aussi abondantes, comme le souligne Kerrin Rafuse, réalisatrice et scénariste basée à St. John’s.
«ll y a tellement de ressources en Ontario! Des sites Web pleins de listes de maisons que les personnes louent pour des films par exemple. Nous n’avons pas ce genre de ressources ici. Quand ils ont besoin d’une maison, beaucoup d’équipes de production vont directement parler aux propriétaires pour leur demander l’autorisation de tourner […]. C’est certain que c’est plus formalisé en Ontario qu’ici», détaille la réalisatrice, qui espère que la situation va changer positivement à l’avenir. Elle-même en a d’ailleurs fait l’expérience pour son dernier court-métrage La Veillée dans la capitale. Sans site de référence, elle a dû passer par la plateforme Airbnb afin de trouver une maison appropriée pour son tournage.
Faire partie de l’aventure du cinéma terre-neuvien
Maria Goodridge et son mari sont quant à eux ravis de leur expérience et du professionnalisme de l’équipe de Astrid and Lilly Save the World qui a «emprunté» leur maison trois ou quatre fois durant l’automne. «Il y avait tellement de gens, des camions et des voitures… c’était incroyable!», se souvient Mme Goodridge, précisant qu’ils ont été dédommagés pour le dérangement et leurs dépenses d’hôtel.
Si c’était à refaire, le couple n’hésiterait pas une seconde. «Beaucoup de personnes m’ont dit qu’ils ne feraient jamais cela, mais moi j’ai pensé que l’expérience pourrait être fun: cela ajoute un peu de piquant à la vie!», sourit la Terre-Neuvienne. Et son mari d’ajouter: «Pour moi, d’une certaine manière, c’était une occasion de faire partie de ce qui se passe en ce moment dans l’industrie du divertissement qui est en plein boom dans la province!».
Georgetown, un quartier qui attire
Le quartier de Georgetown, situé au cœur du centre-ville de St. John’s, semble séduire plusieurs équipes de production ces temps-ci. L’été et l’automne dernier, il n’était alors pas rare d’y apercevoir des camions-remorques stationnés à divers endroits de ce quartier piétonnier aux maisons colorées. «Je me souviens, un jour alors qu’on se baladait dans le quartier, il y avait plein de camions-remorques! Trois tournages se déroulaient en même temps: Astrid and Lilly Save the World dans notre maison, juste à côté à St. Bonaventure’s College, une équipe tournait Son of a Critch, et en face du Georgetown Pub, une autre équipe travaillait sur la série Hudson & Rex», raconte Scott Moffatt, enchanté d’observer à sa porte des indices concrets de ce boom de l’industrie.
Astrid and Lilly Save the World
Quand elles ouvrent accidentellement un portail vers une dimension remplie de monstres mortels, le monde des meilleures amies Arstid (Jana Morrison) et Lily (Samantha Aucoin) est complètement bouleversé! C’est maintenant la responsabilité des deux étudiantes à l’école secondaire de «save the world» (sauver le monde) — si elles peuvent survivre le secondaire. Filmée dans la province en automne 2021 et diffusée pour la première fois le 26 janvier dernier, l’émission de science-fiction a ainsi connu un rythme de production extrêmement rapide. (RAD)
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