Cette interruption de service, qui n’a pas affecté les vols nolisés transportant des travailleurs aéroportés utilisant le navettage aérien (fly-in/fly-out) sauf pour l’imposition d’une limitation du nombre de passagers qui a été fixé à 19, a cependant nui aux clients des entreprises aériennes Provincial Airlines (PAL) et à ceux de son partenaire, Air Borealis, qui en ont subi les désagréments ainsi qu’à ceux d’Air Liaison, qui vient tout juste d’offrir des vols à ce terminal aérien. La situation «inattendue» aurait pu être prévisible, puisqu’elle découle directement de la décision controversée du gouvernement de Justin Trudeau de démanteler le service aéroportuaire d’urgence-incendie à cet aérodrome, en août 2020, malgré une forte opposition locale et une vague d’indignation. Ce choix, qui avait été dénoncé à l’époque par une majorité d’intervenants politiques et socio-économiques de la région, a refait surface en causant la problématique vécue durant cette période d’incertitude et de stress pour les voyageurs ayant à emprunter la desserte aérienne de Wabush incluant des patients qui devaient se rendre à des rendez-vous médicaux pour des traitements ou pour consulter un spécialiste de la santé, ainsi que pour les gens en attente de certains médicaments qui sont livrés par avion.
Le nouveau député fédéral du Labrador, le libéral Philip Earle, lui-même issu de l’industrie de l’aviation, qui a géré la situation a confié: «Les opérations aériennes à l’aéroport de Wabush ont été interrompues en raison d’un problème touchant la disponibilité des services d’incendie et de sauvetage en cas d’écrasement, une exigence essentielle en vertu de la réglementation canadienne de l’aviation.» Ce dernier n’a toutefois pas précisé s’il s’agissait d’un manque d’effectifs ou d’équipements de service-incendie. L’ancienne députée fédérale du Labrador, la libérale Yvonne Jones, qui faisait partie du gouvernement ayant consenti à la disparition des services de sécurité incendie à cet aérodrome, avait pourtant annoncé, en décembre dernier, la réinstallation du service de sauvetage et de lutte contre les incendies d’aéronefs, qui avait été retiré durant près de cinq ans, à compter du début 2025.
La députée de Côte-Nord-Kawawachikamach-Nitassinan, Marilène Gill, du Bloc québécois, qui a contacté le bureau du député du Labrador à ce sujet et qui a suivi avec attention l’évolution des événements en gardant des liens constants avec le bureau du ministre fédéral des Transports, Steven MacKinnon, et la Ville de Fermont, a déploré un manque de communication de la part du ministère, qui a finalement indiqué qu’il manquait un camion de pompiers sur place pour justifier la raison de cet arrêt des vols commerciaux. «Nous avons la ferme intention de demander des explications et les détails relatifs à cette affaire au gouvernement Carney incluant les mesures adoptées afin qu’un tel scénario ne se reproduise plus», a affirmé la députée bloquiste.
Désobéissance civile
Une manifestation citoyenne visant à dénoncer le monopole, le prix ainsi que l’imprévisibilité du service aérien local avait déjà eu lieu en face de l’aéroport, en octobre 2024, cependant c’est la première fois qu’un geste de désobéissance civile se produit. La chaîne de communications déficiente des autorités aéroportuaires au sujet des raisons ayant occasionné l’arrêt des vols de passagers laissant planer le doute au sein du public qui ne pouvait plus utiliser l’aérodrome a sans doute contribué à favoriser le déclenchement de cette manifestation spontanée de résistance passive qui témoignait du mécontentement populaire et dans le cadre de laquelle des citoyens ont entravé de façon non organisée et pacifique la circulation des autobus transportant des travailleurs en partance de l’aérogare afin de dénoncer le double standard observé entre les vols offerts aux résidents et ceux des travailleurs ambulants, le 21 octobre. Ce ralentissement imposé aux autocars transportant des travailleurs a nécessité une intervention policière afin d’y mettre fin.
Fait inusité illustrant toute l’ampleur de la problématique, le député Earle, qui a qualifié d’embarrassante la situation et qui souhaite une solution définitive et permanente à ce problème récurrent, a fait parvenir une lettre au bureau du ministre des Transports de son propre gouvernement afin d’exprimer sa frustration et ses préoccupations relatives à cette interruption du service aérien, en mentionnant notamment que les infrastructures aéroportuaires sont essentielles pour la région et que les répercussions sont majeures tant pour les citoyens que pour les entreprises des communautés de l’Ouest du Labrador et de Fermont.
 
						 
                         
                                     
                                         
                                        