Magazine d’été 2022 – U-Urgence – Droit devant pour la planète!
Clare Wilcox
Voilà maintenant des années que j’assume mon écoanxiété comme quelque chose de personnel. Ce sentiment me pousse à marcher au travail, à composter, à diminuer ma consommation de viande, à utiliser des sacs en tissus, etc. Des gestes certainement minuscules dans l’énormité d’un réchauffement global, mais pour moi, ces actions quotidiennes sont une façon de m’impliquer dans ces défis sans totalement perdre espoir.
Le message sans compromis et sans excuses des jeunes activistes (Greta Thurnburg étant peut-être la plus connue d’entre eux) me réconforte dans mes actions : nous devons agir tous, maintenant, ensemble.
Rejoindre monsieur et madame Tout-le-Monde
Le jour de la manifestation, j’ai marché jusqu’à l’école pour récupérer mes enfants. On est montés dans un autobus avec mon amie Katie et ses deux fils. Le transport en commun était gratuit entre 11 h et 13 h pour inciter les citoyens à se joindre au mouvement. Une poignée d’étudiants aux visages peints et brandissant des pancartes sont montés avec nous. Aucun d’entre nous ne donnait l’impression de l’écoguerrier typique, une impression qui était vraie pour le groupe dans les escaliers de l’Université Memorial (MUN).
La foule qui dénonçait l’inaction face à la crise climatique dans les rues de St. John’s était surtout composée d’étudiants, mais avec une bonne représentation de parents accompagnés de leurs enfants, d’adultes et d’aînés. Durant les nombreux témoignages de représentants étudiants du secondaire et universitaires, les manifestants écoutaient respectueusement, et démontraient leur accord avec des gestes positifs, mais discrets. Je me sentais un peu déçue de la tranquillité de la foule, bien que je ne sois pas non plus la plus passionnée des manifestantes.
Néanmoins, en portant attention aux manifestants autour de moi, quelque chose m’a frappée : tout autour des organisateurs et des manifestants plus expérimentés et passionnés, je voyais des gens « normaux » qui ne se qualifient pas nécessairement comme des environnementalistes. Mais ces gens étaient présents et avaient aussi à coeur la raison de notre rassemblement collectif même s’ils n’étaient pas les manifestants les plus fougueux.
Qu’est-ce qu’on en pense, dans la rue?
En marchant (à la vitesse d’un enfant de 4 ans) de l’université à l’édifice de la Confédération, j’ai eu l’occasion de sonder plusieurs personnes sur leur participation à la marche. Katie Duff, cogestionnaire d’un programme d’après-école qui se déroule à l’extérieur, me parlait du caractère distinct de cette marche et de ce moment pour elle. « Lire toutes les pancartes qui parlent des vrais enjeux à la marche m’a mené à un genre de réveil, où je me suis rendu compte que je ne voulais plus critiquer n’importe quelle initiative. Ça se trouve en particulier grâce à la nature clivante de l’internet. Plusieurs d’entre nous se sont habitués à dénigrer les idées des autres, disant qu’elles 1) ne vont pas assez loin, ou 2) ne touchent pas les enjeux qu’on pense les plus importants. » Pour Katie, la solution est simple. « Mais en fait, nous faisons face à une éco-urgence qui est, en réalité, la somme de beaucoup d’enjeux et de problèmes, alors quand quelqu’un tente d’attirer attention sur certains problèmes ou de proposer des solutions, nous devons tout simplement dire “Oui! Merci! Je vais vous joindre dans cet effort!” »
Pour Ana Esquivel, la marche se distingue d’une autre manière. « Le message n’est rien de nouveau. La nouveauté réside dans qui se sent menacé par les effets [du changement climatique]. Les jeunes sont maintenant plus conscients du fait que leur futur sera touché. » Ana voulait être à la marche pour entendre les jeunes et leur message. Elle y participait en tant qu’adulte avec le pouvoir de voter.
Une fois les manifestations terminées, mes enfants et moi avons parcouru à pied la courte distance du Confederation Building à notre maison. En congé pour la journée, je me suis dirigé avec notre chien aîné à Three Pond Barrens à Pippy Park. Les collines rocheuses étaient silencieuses, un peu perdues dans la brume, avec juste le bruit léger des voitures au loin pour nous rappeler qu’on n’était pas loin de la ville. Peut-être que c’est aussi à ce genre de marche que nos représentants politiques devraient participer. Une balade plus rocailleuse, plus boueuse, plus silencieuse, mais, pour autant, pleine de raisons frappantes pour continuer à lutter pour des solutions globales à cette crise climatique.
Provenant d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, Clare Wilcox habite à St. John’s depuis 13 ans maintenant et se trouve toujours plus amoureuse de sa belle province d’adoption. Clare est la Coordonnatrice jeunesse à l’Association communautaire francophone de Saint-Jean et adore trouver des manières d’engager avec les enfants en plein nature. Elle a 34 ans.
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