Liz Fagan
IJL – Réseau.Presse – Le Gaboteur
Attribués par la Commission sur les droits de la personne (Human Rights Commission), les prix récompensent les personnes qui contribuent de manière significative à la promotion des droits de la personne à Terre-Neuve-et-Labrador. Cette année, la cérémonie a été marquée surtout par l’activisme pour les droits des personnes 2ÉLGBTQ+ et pour l’égalité des genres.
Courtney Clarke, de Petty Harbour-Maddox Cove, a remporté le Prix des droits de la personne pour son engagement pour la parité de genre. Dome Lombeida et Émile Sopkowe ont quant à eux reçu le titre de Champion des droits de la personne. Parmi les efforts de ces deux militants, on note surtout l’activisme en faveur des droits des personnes queer.
Pour ce dernier, la réception de ce prix n’est pas individuel mais représente une victoire communautaire, soulignant avoir été porté sur les épaules de ceux qui l’ont précédé. «Je me sens soutenu par d’autres personnes qui font un travail important», confie Émile lors d’une rencontre après la cérémonie.
L’activiste dit que le fait qu’il y ait autant de personnes 2ÉLGBTQ+ en nomination pour ce prix est une validation des personnes dans les écoles qui font ce travail fondé sur les droits de la personne
Zoom Franco: une victoire mais pas la ligne d’arrivée
Émile Sopkowe, enseignant trans et queer, a pour mission personnelle et professionnelle d’impliquer plus de personnes 2ÉLGBTQ+ dans l’éducation. Francophone qui réside dans la province depuis 2001, iel a passé du temps au Manitoba, en Ontario et au Québec avant de jeter l’ancre sur le vieux Rocher, où sa plateforme pédagogique vise à favoriser l’inclusion et l’épanouissement de tous les jeunes de divers genres et sexualités.
En 2020, iel a créé le Conseil d’intérêt spécial sur le genre et la diversité sexuelle (Gender and Sexual Diversity Special Interest Council) du syndicat des enseignants, la Newfoundland and Labrador Teachers’ Association (NLTA), dont iel est aujourd’hui le vice-président. Ayant pris l’initiative de créer des groupes d’alliance sur le genre et la sexualité dans plusieurs écoles, tant francophones que anglophones, iel a également organisé des séances de perfectionnement professionnel 2ÉLGBTQ+ pour ses collègues au sein du conseil scolaire anglophone et pour les dirigeants provinciaux du secteur de l’éducation.
En plus de ces différentes initiatives, iel milite pour une justice réparatrice qui vise à créer un espace sécuritaire pour que les personnes touchées par un crime aient la possibilité de parler, directement ou indirectement, du crime, ainsi que de communiquer leurs besoins.
Malgré tout le travail déjà accompli, il y a toujours du chemin à faire selon l’activiste.
L’un de ses prochains projets est de plaider en faveur de l’inclusion d’une catégorie non binaire dans les courses de jeunes, à partir de la 4e année, permettant aux enfants de s’inscrire en tant que personne non binaire plutôt qu’en tant que garçon ou fille. «Vous pouvez courir le Marathon de Boston et vous inscrire en tant que personne non binaire, vous pouvez courir un marathon au Québec en tant que personne non binaire. Ce que nous devons faire ici […] pour les enfants, c’est leur donner la même option», explique-t-iel.
Selon Émile Sopkowe, aucune personne queer n’entreprend un travail sous les yeux du public sans courir un certain risque personnel. Iel évoque des souvenirs de personnes portant des sacs en papier couvrant leur visage à l’occasion d’anciennes célébrations de la Fierté parce qu’elles occupaient des postes publics et ne voulaient pas être reconnues.
À quoi l’activisme ressemble-t-il?
«D’une part, il y a une grande différence entre un activisme qui compromet votre sécurité et un activisme qui ne la compromet pas», dit le désormais Champion des droits de la personne.
«C’est une grande différence. Il y a des gens qui font un travail formidable pour lequel ils sont payés, mais ils ne sont pas en danger. Cependant, il y a des gens qui font volontairement ce travail d’activisme en plus de leurs responsabilités habituelles, et ils se mettent vraiment en danger. Il y a de fortes chances que cela ait un impact négatif sur eux. Quand l’activisme emporte de risque personnel, c’est souvent lié à l’identité minoritaire de la personne», explique-t-iel.
«Les gens peuvent être dédaigneux et dire que ce travail n’est pas important, mais nous savons qu’il l’est.»
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