Propos recueillis par David Beauchamp
Q: Racontez-moi votre parcours personnel et professionnel.
Je vois ma carrière comme une série de projets d’impacts sur ma communauté.
À la base, je suis originaire de Mulhouse, dans l’est de la France en Alsace. J’ai fait des études à l’École supérieure d’arts et métiers à Paris et ensuite j’ai eu l’occasion d’aller étudier à l’Université Laval à Québec en mécanique des fluides. J’ai choisi cette maîtrise parce que je voulais avoir un impact direct sur l’environnement.
Pendant cette maîtrise, j’ai aussi fait du volontariat pour Ingénieurs sans frontières Canada. Mon cœur m’appelait alors en Afrique et j’ai résidé au Burkina Faso comme volontaire. Ce qui m’intéressait là-bas était d’accompagner des leaders locaux et des entrepreneurs en développement social dans leurs projets d’impact.
On a mis sur pied un programme d’échange nommé Kumvana, ce qui veut dire «unis pour qu’on puisse se comprendre», et c’est moi qui en assurait sa gestion. Beaucoup de volontaires issus de ce programme vont en Afrique dans le but de créer une réciprocité pour que les personnes de là-bas puissent venir ensuite ici. Par la suite, on a travaillé au Ghana pour préparer les entreprises locales à recevoir du financement et des investissements pour leurs projets.
Après mon aventure en Afrique, je cherchais déjà mon prochain projet d’impact. Je gardais l’œil ouvert sur différentes opportunités où ma force numéro un, c’est-à-dire l’innovation et la créativité, serait bien utilisée. J’ai vu une opportunité à Terre-Neuve de lancer un nouveau centre d’entreprenariat dans la province. J’ai aussi remarqué qu’il y avait beaucoup de potentiel pour la province au niveau de la diversification de son économie. J’étais et je demeure convaincu que l’innovation peut avoir des retombées majeures pour les communautés de la province et accroître la richesse collective.
Notre centre d’entrepreneuriat à l’Université Mémorial a d’ailleurs connu beaucoup de succès: on est passé de 20 étudiants dans une petite pièce à plus de 300 par année en seulement six ans. On a aidé cinq entreprises à recevoir des millions de dollars d’investissements privés et on suscite toujours la création d’emplois. D’ailleurs, le Centre a été reconnu en 2019 et 2020 comme un des meilleurs au monde pour notre croissance et notre impact sur les communautés.
Q: Est-ce que vous avez fait face à des obstacles linguistiques dans votre parcours?
Quand j’étais à Ingénieurs sans frontières, j’ai été obligé de développer mon anglais. C’était difficile de communiquer ma pensée et les concepts sophistiqués en ingénierie en anglais alors que je les connaissais en français. Parfois quand on parle, on pense qu’on donne un poisson, mais on donne juste les os, quoi.
Le français est toujours ma première langue d’usage. Puisque l’anglais est une langue secondaire, je dois me préparer davantage pour mes discours ou mes réunions. Mais en soi, je n’ai pas connu d’obstacles qui m’ont empêché de progresser.
Q: Comment allez-vous utilisez le français comme force dans le cadre de vos nouvelles fonctions?
Ce que je trouve intéressant, c’est lorsque nous sommes un groupe avec différents langages et provenant d’endroits différents. En Afrique par exemple, nous avions de la diversité en termes de langues et d’origines culturelles. Les moments où la diversité était grande étaient les moments où nous avons eu les idées les plus innovantes. Selon moi, plus on a des visions différentes autour de la table, mieux c’est pour le business.
Le français est une partie de moi qui me permet d’être plus innovateur parce que j’ai un élément de diversité qui m’aide à développer des idées novatrices. Le français est aussi une source d’opportunités puisque le Québec représente une grande partie du Canada et il existe plusieurs opportunités d’affaires au Québec. Il y en a beaucoup en France ou ailleurs en Afrique aussi.
Q: Quelles sont vos ambitions pour votre mandat avec techNL?
Nous voulons utiliser la diversité culturelle et linguistique pour développer la communauté locale et aider les membres de techNL à se perfectionner. Personnellement, je veux valoriser la diversité sous toutes ses formes, que ce soit en termes linguistiques ou culturels. Plus il y a de la diversité, plus ça nous permet d’innover et ça nous permet de devenir de meilleures personnes.
Je tiens à souligner que je veux construire sur ce qui est déjà présent. Je n’arrive pas dans un embryon; il y a beaucoup de choses positives déjà mises sur pied chez techNL et je veux consulter les membres de l’équipe pour poursuivre les bons projets entamés. Je veux contribuer à la croissance de l’organisation en équipe avec les gens qui étaient déjà là.
Il y a des sujets qui me passionnent profondément. Je veux aider Terre-Neuve à devenir une destination de choix pour l’immigration. On doit accroître la promotion de la technologie comme secteur vibrant dans la province. Nous avons la chance d’avoir une entreprise qui vaut plus d’un milliard sur une île si peu peuplée alors qu’en général, ces entreprises sont présentes dans des grandes villes. C’est un phénomène incroyable! De plus, les gens s’entraident beaucoup et la qualité de vie est bonne. En plus, la nature ici est unique et spectaculaire et c’est important pour ceux et celles qui viennent de l’extérieur de comprendre la beauté de cet endroit.
Le fil conducteur de mon parcours jusqu’à présent est d’avoir de l’impact sur les communautés et les initiatives que je mène. Ma motivation c’est d’avoir un impact sur le secteur technologique de la province. J’ai eu beaucoup de soutien dernièrement et j’espère être à la hauteur des attentes.
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