Liz Fagan
Medeseh Asapo, dite Med, a jeté l’ancre à Terre-Neuve il y a vingt ans. Son mari, qu’elle a rencontré au Nigéria, avait été admis à l’Université Memorial pour un doctorat en ingénierie, et c’est ainsi que commença leur vie dans la province.
Après deux décennies ici, elle a décidé de lancer une entreprise sur Ropewalk Lane: Med Tropicals. La boutique offre des produits d’épicerie fine tels que des mélanges d’épices africaines, des légumes et des huiles, mais également des produits de beauté, tels que des perruques et des bijoux. Pour les gourmands, il y a même des plats cuisinés, tels que du riz jollof, un plat tirant ses origines de l’Afrique de l’Ouest.
D’origine togolaise, la décision de madame Asapo d’offrir des produits africains à St. John’s a été facile. «Je vendais déjà quelques-uns de ces produits chez moi, mais il y a bien sûr des limites avec un espace aussi petit», dit-elle.
Si la boutique a officiellement ouverte à la fin du mois de novembre dernier, Med faisait déjà des affaires depuis son garage dès le début de la pandémie. Au bout d’un moment, il est devenu évident qu’il y avait une demande et Med Tropicals est né.
Du riz jollof et des tissus africains
Pourquoi est-il si important que ces produits soient disponibles à St. John’s? «À cause de la grande population africaine à St. John’s», précise l’entrepreneuse. Effectivement, l’augmentation de la diversité offre une belle opportunité pour les entreprises telles que celle de Med Tropicals. Bien que l’on puisse trouver certains substituts culinaires chez Sobeys ou Dominion, ils ne sont pas toujours les mêmes, par exemple il arrive qu’un assaisonnement soit inauthentique ou incorrect.
«Lorsque les gens franchissent la porte, [je veux qu’] ils se sentent chez eux», affirme-t-elle.
Avec les couleurs vives des tissus africains qui sont accrochés aux murs, le magasin est rempli de produits qui peuvent être étrangers aux yeux des Terre-Neuviens et Labradoriens nés dans la province, mais qui sont essentiels aux yeux de la clientèle. Au rendez-vous, l’arôme du savon noir, les belles couleurs des foulards-bandeaux faits à la main, et la musique africaine, avec une profonde pulsation soulful, est le battement de cœur du magasin.
Finalement, Med Asapo vous accueille à la porte, toujours souriante, pour répondre à toute question et offrir ses recommandations.
«Nous avons beaucoup d’employés d’expression française,» rassure-t-elle, «et nous avons déjà eu des clients francophones.» Med explique le multilinguisme présent dans les pays africains, ayant même servi des clients en Yoruba, une langue parlée en Afrique de l’Ouest.
Malgré la situation actuelle du marché immobilier, idéalement, l’avenir réserve encore plus d’espace à Med Tropicals. «Un espace plus grand serait merveilleux.»
Une promenade dans l’histoire de Ropewalk Lane
Au moins vingt entreprises se trouvent sur Ropewalk Lane dans l’ouest de St. John’s. Mais, quelle est l’histoire de cette rue et d’où vient son nom?
Vers la fin du 20ᵉ siècle, les navires à vapeur en acier étaient plus nombreux que les voiliers en bois à Terre-Neuve, mais la fabrication de cordes a perduré. La corde, la ficelle et les filets de pêche sont des articles essentiels pour la pêche. Fondée en 1882 par Moses Monroe, marchand d’origine irlandaise fortement impliqué dans les affaires et la politique dans la capitale, la Colonial Cordage Company fabriquait ces produits sur la rue et employait plus de cent personnes jusqu’à sa fermeture après la Confédération en 1949.
Situé près de Mundy Pond, l’usine de la Colonial Cordage Company a été surnommée the ropewalk. Le mot ropewalk, selon le dictionnaire Webster’s Revised Unabridged Dictionary, décrit simplement l’usine: «une longue allée étroite et droite, ou un chemin couvert, où de longs brins de matériaux sont posés avant d’être tordus en corde» [traduction libre].
Bien que la Colonial Cordage ait aujourd’hui disparu, Ropewalk Lane demeure une rue commerciale animée dont le nom est un clin d’œil à son histoire manufacturière.
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